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De retour en Argentine : lagune et volcan De Tromen, Canyon Del Atuel, Ruta 40 et... glaces !!


Ecrit par Emeline

Du 17 janvier au 6 février


Nous passons la frontière entre Chili et Argentine par le col Pichachen en fin d'après-midi. Notre pemier bivouac argentin, alors que nos passeports ne sont pas encore tamponnés, se fait les pieds dans l'eau. Le dénivelé et la piste de la journée nous envoie dans les bras de Morphée en un temps record.

 

Du Pichachen aux glaces de Chos Malal.

 

 

Certains voyageurs que nous rencontrons nous demandent s’il n’est pas trop épuisant de dormir la plupart du temps en tente. Oh que non ! Nous y dormons même mieux qu’en hôtel : « Tente sweet tente ». C’est notre cocon, notre « chez-nous », ce n’est qu’une toile et pourtant c’est devenu notre maison. Nous nous y sentons bien. Alors ce matin, c’est reposés que nous nous réveillons. Nous avons été bercé par le bruit de la rivière, les oiseaux chantent et aucun bruit de voiture ne vient troubler cette nature. Ce sont des moments magiques ! 

 

 

 

Nous partons sur une piste souple entourée de montagnes plus arides que de l’autre côté du col. Nous avons à peine roulé quelques km que nous sommes happés par la magie du lieu … et de ses habitants. Des chevaux en liberté nous observent des deux côtés de la route. Ils sont surpris, interrogateurs et nous observent à distance respectable. J’ai à peine le temps de m’arrêter, d’attraper l’appareil photo dans ma sacoche guidon et de zoomer qu’ils traversent au trot léger devant Olivier… La journée peut bien commencer !

 

Nous arrivons à la douane argentine juste avant un troupeau de motards bruyants. C’est un des (nombreux) avantages de voyager à vélo : nous arrivons doucement, sans bruit. Combien de fois sommes-nous « tombés » sur des animaux au détour d’un buisson, d’un virage ? J’ai l’impression de ne pas « agresser » la nature ou tout simplement les villages traversés !

 

A son habitude, nous sortons de la douane avec les sourires des douaniers et un nouveau tampon. Une pause biscuits et nous repartons.

 

Notre prochaine étape est Chos Malal et... ses glaces (coutume maintenant bien ancrée dans nos esprits : ville argentine = glaces artisanales). Nous choisissons de passer par El Cholar plutôt que par Andacollo (moins de km et de D+ mais plus de pistes). Paso Pichachen = 2065m / Chos Malal = 974m, entre les deux : 134km. Vous vous dites donc « chouette ça va descendre », tout comme nous ! ERREUR ! 1426M de D+ et 2635m D-. ce sont des « up & down » en continu qui cassent les jambes. Il fait très chaud. J’ai toujours du mal lors des premières grosses chaleurs, mon corps a besoin de plusieurs jours pour s’habituer et ces jours-ci n’échappent pas à la règle. Alors je me baigne tout habillée dans les rivières pour me rafraîchir, j’essaie de boire énormément (petite astuce pour garder de l’eau fraîche : mettre la gourde dans une chaussette mouillée, l’eau reste fraîche plus longtemps et se rafraîchit même si elle est chaude : testé et approuvé en Australie et maintenant en Argentine).

 


 

Nous attaquons de belles descentes que nous remontons ensuite, même si le profil est malgré tout descendant, nous avons l’impression de ne faire que monter. C’est bien connu, les descentes sont toujours trop courtes par rapport aux montées ! Sans vrai jour de repos depuis bien longtemps et avec la chaleur, nous commençons à tirer la langue et à être fatigués. Pour moi, à tout cela se rajoute une période de règles un peu longue. (C’est aussi la réalité du voyage à vélo version fille !). Alors ce soir nous ne poussons pas jusqu’à El Cholar où nous avions pourtant prévu d’être. Pour des situations comme celle-là : fatigue, bivouacs canons, pistes dégueu… et donc imprévus qui nous feraient rester sur la route un peu plus longtemps que prévu, nous prévoyons justement toujours 1 gros jour de nourriture + un peu de semoule au cas où (qui peut à la fois nous servir pour un repas ou un petit dej).

 

Nous posons le bivouac en bord de rivière à côté d’un arbre imposant : baignade, montage de tente. Toujours un peu de vent. Les pâtes refroidissent … quand survient une mini tornade soufflant un nuage de sable et de poussière sur notre campement. Nous n’avions monté que la chambre sans la toile extérieure vu la chaleur. Les sardines ne tiennent pas dans la sable et avec la force du vent : Olivier plonge dans la tente pour éviter qu’elle ne s’envole. Je cours récupérer les affaires, posées sagement sur la bâche, qui s’envolent, dont la toile verte de notre tente… en culotte – mon paréo s’étant envolé au premier pas de course. Plus de peur que de mal, nous récupérons tout, montons la tente en entier et l’amarrons à des pierres. Je suis couverte de sable et bonne pour une nouvelle baignade… La seule vraie catastrophe : un plat de pâte au sable et immangeable !

 

 

Le lendemain, nous faisons quelques courses à El cholar et reprenons la route pour nous poser un peu plus loin sous un arbre et à coté d’une petite source en attendant que la chaleur passe. Cela va devenir notre quotidien des jours suivants : lever tôt, on roule jusqu’à 14h, puis picnic et sieste jusqu’à ce que la chaleur baisse vers 17h, et on roule jusqu’à 20h. Les paysages sont complètement différents, toujours tout en courbes généreuses, vallonnés… mais secs, arides. Le vert a depuis longtemps disparu. Nous longeons une rivière au fond d’une vallée, frustration d’être proche de l’eau mais de la voir inaccessible pour se rafraîchir et remplir nos gourdes (nous redécouvrons la joie de devoir porter plusieurs litres d’eau en plus). La piste jongle entre vide d’un côté et paroi rocheuse de l’autre, et serpente en épingles autour de ces éléments, vides et parois.

 

Nous mettrons une journée et demi depuis El Cholar pour arriver à Chos Malal. Nous posons la tente dans une estancia abandonnée avant d’arriver. Nous sommes couverts de poussière, de transpiration, de sable… nous sommes poisseux. La rivière n’est pas loin mais ne semble pas accessible. Nous avons à peine assez d’eau pour notre repas du soir, notre petit déjeuner et remplir nos gourdes. Mais vu mon état de "craditude", je suis prise d’un élan de motivation pour tenter d’accéder à la rivière. 45 min plus tard, je reviens au campement à la frontale, propre et avec 10L d’eau pour qu’Olivier puisse aussi se laver !

Voyager à vélo nous apprend à être heureux avec peu : un endroit plat, calme et abrité pour poser notre tente, un plat de pâtes ou riz et de l’eau !

 

Le lendemain 20 km de piste "tape cul" et 8 km d’asphalte sur la ruta 40 où nous avons l’impression de voler (« ah oui tiens on avait aussi un 3ème plateau !! »)  et nous arrivons à Chos Malal .

 

Dans l’ordre : arrêt au stand fruits et légumes / poulet rôti et salade pour moi / sandwich milanais pour Olivier (escalope de veau panée + fromage + tranche de jambon + œufs dans un pain + frites) / camping municipal / douche / glaces. On est bien et prêts pour 3 nuits de repos !

 

micro aventure en marge de la Ruta 40 : la lagune et le volcan de Tromen

Après un repos fait à base de glaces et de facturas (viennoiseries) à Chos Malal, nous réveillons nos vélos.

 

Nous n’avons pas tout de suite envie de découvrir la « Ruta 40 ». Cette route est la plus longue d’Argentine  (plus de 5000km). On aura tout le temps de la découvrir plus tard. Surtout… en fait c’est surtout ça, nous avons trouvé une petite route (enfin piste) qui semble moins empruntée, qui fait gagner en km, bon mais prendre plus de D+, et surtout qui permet d’aller admirer la lagune et le volcan De Tromen. Et ça, ça semble bien chouette et en seulement 2 petits jours !

 

Sur les 1ers km nous roulons sur cette fameuse ruta 40 et nous commençons à nous élever. Nous tournons rapidement à gauche sur la route provinciale 37. Les paysages sont toujours désertiques, peu de cours d’eau, alors dès que nous en trouvons, nous remplissons nos gourdes (que nous filtrons maintenant systématiquement). Nous les apercevons de loin ces rivières : une coulée de vert dans un décor de jaune et ocre. Les habitations se raréfient. Au fur et à mesure de notre avancée, il ne reste qu’une estancia (ferme) à côté des rivières. Nous perdons aussi les voitures. En fin de matinée nous voyons notre dernière voiture sur les prochains jours, jusqu’à ce que nous retrouvions la Ruta 40.

 

 

 

Pour midi, nous avons la chance de trouver un mini arbre qui a l’avantage de nous donner un peu d’ombre dans cette fournaise. La piste est correcte : un peu de cailloux, un peu sablonneux mais rien de bien méchant.

De cette plaine aride où nous voyons presque à perte de vue, ou du moins jusqu’aux montagnes avoisinantes, nous passons entre flancs de colline et découvrons à la suite le volcan De Tromen et le Cerro Wayle. C’est beau et nous n'avons cette scène rien que pour nous !

 

Nous avalons une montée et découvrons une plaine où paissent des troupeaux de brebis. Nous assistons à une traversée de route ! Ça sent la biquette à plein nez. Et puis au détour d’un virage, nous tombons nez à nez avec la lagune De Tromen… vide, asséchée, plus d’eau, rien, nada… c’est une blague ? Même pas ! Moi qui me faisais une joie de pouvoir me baigner !  Nous montons au refuge en face du lac sur les hauteurs. Des petits refuges sont installés : sommaires mais abrités du vent, et bonheur, nous découvrons une source qui nous promet un bon dépoussièrage.

 

Des chevaux en liberté gambadent autour du refuge. Le soir, nous avons la visite de notre voisin le plus proche : Antonio et son cheval. Il garde les brebis que nous avons vues plus bas. Une bonne nuit réparatrice dans un cadre plutôt sympa.

 

Le lendemain nous contournons le volcan et sa lagune. Des coulées de lave restent encore nichées contre les pentes du volcan. Cette fois-ci, nous avons droit à une vraie descente. Nous ne roulons pourtant pas vite pour ne pas traumatiser nos vélos et sacoches. Même si je reste fan de mon vélo, il n’empêche que je rêve parfois d’avoir une fourche suspendue et un équipement beaucoup plus léger.

 

Les paysages redeviennent plus larges à mesure de la descente. Nous retrouvons nos plaines brûlées de soleil, la fameuse Ruta 40 et l’asphate. Le soir nous posons la tente derrière le mur du cimetière de Ranquil Norte, au moins nous ne sommes pas dérangés par les voisins !

 

Comment ça, il y a de la piste sur la ruta 40?

 

Oui ! De la piste sur la Ruta 40 ! Moi qui pensais une fois revenue sur la Ruta 40 pouvoir enchainer des km sur de l’asphalte, podcasts ou musique aux oreilles, je me suis fait eue !

 

De Ranquil Norte où nous faisons quelques courses et où on nous offre des tartines de pain / miel, nous profitons une dernière fois du bitume. 80 km de piste nous attendent. Peu de km en soi, mais ça parait toujours trop quand on pense n’avoir que de l’asphalte ! Alors ces quelques km m’ont paru longs. Tout était là : poussière, cailloux, graviers, sable, tôles ondulées, chaleur, vent et voitures ! Heureusement les paysages ont tout rattrapé ! Canyons, vallées profondes, volcans et coulée de lave au milieu de laquelle la rivière a repris ses droits et creusé son lit.

Nous trouvons pour les chaudes heures de l’après-midi un bon coin d’ombre sous un pont ! Nous attendons sagement 17h. 

 

Le soir c’est dans une bergerie abandonnée et nous abritant du vent encore bien fort que nous dormons. Le lendemain la piste s’améliore et nous profitons de quelques bouts d’asphalte avant de le retrouver complètement.

 

La vue est dégagée sur des plaines, le vent est fort mais la route est bonne alors nous enchaînons les km jusqu’à Malargüe avec avant, un bivouac sous un pont (mais oui nous n’avons pas toujours des bivouacs enchantés !)

 

Malargüe, on reprend une équipe gagnante : camping municipal, glaces et douches, avant de faire un détour par le Canyon Del Atuel et San Rafaël.

 

Le Canyon Del Atuel

 

Ce canyon est un vrai spectacle : 67km de longueur, avec des formations géologiques tout aussi variées : couleurs, formes, tout est prétexte à photo ! Le long du canyon, de nombreuses aires de picnic sont aménagées. Nous profitons d’une pour y planter notre tente à côté d’une usine hydroélectrique et d’une petite rivière dans lequel, mmh bonheur…, je me baigne !

Malgré les vacances en Argentine, il n’y a pas vraiment foule au début du canyon. La foule est concentrée vers San Rafaël au niveau de Valle Grande où pullulent nombre d’agences de rafting ! Nous passons outre et profitons cependant d’une glace, avant d’aller… oui c’est ça, au camping municipal gratuit (les prix des campings municipaux défient souvent toute concurrence et envie d’aller voir ailleurs. Avec douche, wifi, toilettes, électricté, nous payons en moyenne 3€ pour 2 par nuit ! voir gratuit)

 

A notre arrivée, nous apprenons que le camping est devenu une aire de picnic pour la journée seulement. Dommage, il est ombragé et à côté de la rivière. Nous allons voir l’employé municipal qui nous dit « je pars à 19h, posez votre tente après, je ne vous ai pas vu, ce n’est plus mon problème ». Message clair ! Nous ne serons d’ailleurs pas les seuls à faire ça, notamment un gentil couple d’argentins qui se poseront à 23h à côté de nous : eux, leur tente, voiture et musique à fond jusqu’à 4h du matin. J’ai hésité entre les étrangler, pousser une beuglante en espagnol… //ah non je ne parle pas suffisant bien espagnol//, les engueuler en français.. // ah non ils n’auraient pas compris//, et puis avec l’aide d’Olivier (toujours plus patient que moi) j’ai pris du recul, respiré un grand coup et évité un incident diplomatique franco – argentin. Et puis je me suis dit que j’irais peut être le lendemain matin au moment de partir vers 8h leur demander leur playlist musicale... Que d'la gueule, je n’ai rien fait !

 

C’est donc la gueule enfarinée que nous prenons nos vélos ce matin pour San Rafaël.

 

En route pour Mendoza

 

San Rafaël, nous y passons seulement une nuit et tentons, tant bien que mal mais plutôt mal, de trouver du matos vélo : chambres à air 700x40 (qui n’existe pas au Chili et en Argentine, le max trouvé reste 700x38, ça fera le taf), des plaquettes de freins, câbles de dérailleur, guidoline… bref nous faisons 5 magasins pour trouver la moitié de nos affaires.

 

Triste nouvelle, nous avons à vous annoncer le décès de notre cher panneau solaire, cadeau de Noël de ma belle sœur préférée – pas d’incident diplomatique en disant ça, je n’ai qu’un seul frère   panneau qui nous aura rendu des bons et loyaux services pendant quasi 2 ans ! Mission impossible pour en trouver un nouveau ici, à part commander en ligne. Il nous reste notre batterie externe classique et ça devrait suffire ! En tout cas un grand merci Charlotte pour ce joli cadeau, en plein dans le mille de ce dont on avait besoin avant de partir !

 

De San Rafaël à Mendoza, nous faisons une pause de 2 nuits dans une jolie « cabanas » (l’équivalent de nos gîtes) avec piscine… une bonne raison à cela : mes 36 ans ! c’est toujours compliqué dans ces moments là d’être loin de ses proches et famille, pour moi qui aime être entourée ! Mais Olivier à chaque fois réussit à rendre cette journée pleine d’émotions, et inoubliable ! D’ailleurs, si par cet article je peux lui faire passer le message que je veux bien fêter mon anniversaire tous les mois…  !

 

Avant d’arriver à Mendoza, nous profitons de la route des vins et nous offrons une visite et dégustation dans la Bodega Carinae. Un couple de toulousains qui se sont installés là il y a maintenant quelques années en ne connaissant rien au vin… une jolie leçon de vie.

 

A Mendoza, 4ème ville d'Argentine, nous faisons le plein de glaces, faisons une croix définitive sur racheter un panneau solaire, dégotons un pneu de rechange au cas où pour le pneu arrière d’Olivier qui bizarrement commence déjà à montrer des signes de faiblesse au bout seulement de 5000km. Et ici, autant vous dire que ça grouille de partout, du bruit, des voitures, du monde, de la pollution... Ce n'est vraiment pas pour nous ça, même si on trouve à foison bars, restau et glaces.

 

Mais il nous tarde de repartir ... je suis impatiente de découvrir notre prochaine étape : ça y est, un vrai gros col andin : le paso Agua Negra, 4772m! Un col "facile", car il n'y a "que" 100km de piste et seulement une vraie montée puis une vraie descente (on descend du col 4772m à Serena qui est au bord du Pacifique... ça va rouler !!!). Bref une belle étape d'acclimatation pour la suite !

 



Pour en voir plus c'est par là...

Notre aventure en vidéo


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