· 

Patagonie : LA Carretera Austral


Ecrit par Emeline

Du 26 novembre 2019 au 14 décembre 2019


Après une traversée épique de la frontière entre Argentine et Chili (article ici) , nous nous retrouvons à Villa O'Higghins, ville ou village d'entrée de la fameuse Carretera Austral.

La Carretera Austral ?

 

Cette route a été construite par Pinochet et mise en circulation en 1986. Elle a permis notamment de relier les villes du sud du Chili au reste du pays.

 

C'est une des routes mythiques à emprunter à vélo. Et on peut comprendre pourquoi : les paysages sont juste dingues. Une route étroite en gravier (ou asphalte selon certaines portions) des vallées vertes avec des ruisseaux, cascades ... qui dévalent les pentes, des forêts, des montagnes tout autour avec une quantité de glaciers à portée d'œil, des estancias, ... un paradis pour ceux qui aiment la nature...

de Villa O'Higgins à Cochrane, entre isolement et pluie...

 

C’est sûrement cette partie que nous avons préféré. Située à l'extrémité de la Carretera Austral et ainsi difficile d'accès, on sent plus l'isolement que sur le reste de la route. Les estancias (fermes) sont espacées, la piste est en gravier (mais très correcte!) et étroite, la météo capricieuse (ce fut le cas pour nous) : de belles averses mais heureusement entrecoupées de vent et de soleil qui nous permettent de sécher. Nous croisons peu de monde en voiture ou à vélo.

Le bonheur pour les cyclos, elle est agrémentée de petits refuges ou maisons abandonnées qui offrent un abri pour la nuit ou une pause en cas de pluie et/ou vent. La route se trace au creux de forêts et de vallées, les rivières sont partout.

 

Les refuges, nous en profitons souvent : un premier à quelques km de Villa O'Higgins pour s'abriter et sécher d'une belle averse. Jorge, le propriétaire de l'estancia située à côté vient nous rendre visite, nous allume un bon feu et nous vend du pain et des œufs frais, une maison abandonnée après un ferry à Puerto Yangay pour une nuit pluvieuse ou encore un ancien hôtel pour un picnic de midi.

 

Pas de ravitaillement possible sur cette partie hormis du pain frais, des œufs et de la confiture... mais seulement sur un gros 200km, on a connu pire ! Nous arrivons à Cochrane sous le soleil : douche, wifi, légumes et fruits frais !

 

de Cochrane à Coyhaique, entre montagnes, soleil et cyclos.

 

Nous ne restons qu'une nuit à Cochrane, la météo est radieuse pour les jours à venir alors on veut en profiter!

Cette partie nous semble plus montagneuse, moins de forêts plus de massifs. La piste est toujours hyper bonne malgré quelques petites exceptions. Le dénivelé nous semble correct mais il faut dire que l’on commence à en avoir un peu dans les jambes.

 

Nous redécouvrons les joies de rouler en short et tee shirt et ainsi d'être recouverts de poussière en fin de journée. En voilà un des avantages de la pluie : pas de pistes poussiéreuses !

Je suis souvent plus courageuse qu’Olivier et me motive plus facilement pour une douche en rivière (bien fraîche la douche... Mais revigorante!)

 

Le printemps nous a rattrapés avec ses couleurs et ses odeurs. Nous roulons au milieu de lupins blancs, roses et mauves... Les couleurs nous prennent aux yeux : celles des fleurs mais aussi de l'eau des lacs et rivières qui changent en fonction de la luminosité.

 

A Rio Tranquillo, nous nous offrons une balade en bateau pour admirer les cathédrales de marbre. Un spectacle bien sympathique de blocs de marbre sculptés par la nature et l'érosion, la météo en rajoute au spectacle : ciel bleu et soleil, eau claire et transparente!

 

Aux alentours de Cerro Castillo, la montagne se dessine en pics et sommets acérés avec toujours une météo de dingue.

 

Après un bivouac au milieu de pins qui nous protègent du vent, nous arrivons à Coyhaique et rencontrons les Roulez Doudous. Nous discutions depuis quelques temps par messages et savions que nous allions les croiser sur la route, alors quelle belle surprise que de tomber sur eux au camping. Une famille : parents et enfants de 4 et 5 ans en tandem pino en Amérique du Sud (oui c'est possible).

 

de Coyhaique à Villa Santa Lucia, retour de l'asphalte et de la pluie

 

Nous nous préparons à une météo moins sympathique et clémente pour les jours à venir... : pluie en prévision. C'est toujours la question :" est ce que tu préfères un gros vent de face ou de la pluie?". Tout dépend de la température je vous répondrais... En tout cas, vu les températures à venir j'aurais préféré du vent... ce n’est pas de chance c'est pluie au programme.

 

Depuis Cerro Castillo nous avons retrouvé de l'asphalte. Quelques portions en travaux nous attendent en sortant de Coyhaique (comme en y rentrant). Nous échappons aux gouttes de pluie les 2 premiers jours et profitons de supers bivouacs à côté de rivières et lacs.

 

Nous rencontrons une autre famille française à vélo avec 2 enfants qui ont leur propre vélo (leur blog ici ). Sans le savoir nous avons campé à 500m les uns des autres. Nous étions matinaux ce matin (presque... 9h quoi !) mais on papote, on se donne des info, on se raconte nos anecdotes respectives (ils sont sur la route depuis 2 ans), et on se quitte quasi 2h et demi après.

 

La pluie nous retrouve enfin. Nous roulons sous des trombes d'eau, retrouvons la piste, et passons un col. Ce n'est pas des plus agréables mais j'arrive à trouver un certain charme à ce paysage qui me rappelle la côte ouest de l’île du sud de la nouvelle Zélande. Les nuages bas et la pluie donnent un esprit mystique à cet environnement.

Ça c'est dans la montée. Dans la descente je peste contre mes affaires de pluie plus étanches (Après 3h de pluie diluvienne, c'est presque normale.) et le froid humide qui s'infiltre de partout. J'ai les doigts gelés et ne sent plus rien... Alors une fois n'est pas coutume, je reste sagement derrière Olivier dans la descente...  Dans ma tête je me fais le schéma de "comment monter la tente au plus vite pour ne rien mouiller... comment faire sécher les affaires....?"

 

Tous les spots de camping sauvages que nous avions repérés sur I-overlander sont inondés, impossible d'y poser la tente. Nous prenons un petit chemin qui semble privé mais abandonné et dont la clôture est tombée et... au bout de quelques dizaines de mètres nous tombons sur une grange abandonnée avec un toit ! A l'intérieur, de la poussière, du foin, de la terre ... Mais sec! Ce sera notre paradis à l'abri des gouttes d'eau l'espace d'une nuit.

 

Nous retrouvons l'asphalte parfois agrémentée de portions de gravier. Les averses nous suivent et nous décidons de prendre une journée de repos au chaud à la Junta.

De la junta en quelques km et gouttes de pluie nous nous retrouvons à Villa Santa Lucia. Dernière ville pour nous de la carretera austral.

 

La carretera austral se poursuit jusqu'à Puerto Montt au travers de forêts pluvieuses mais nous rêvons plus de soleil que de pluie alors à villa Santa Lucia nous bifurquons plein Est vers Futaleufu et la frontière argentine.

 

En route vers l'ARgentine.

 

Contrairement à ce que nous avions entendu la piste est très bonne, elle aurait été refaite il y a peu. Nous longeons un lac et enchaînant agréablement les montées et descentes. 

 

Au 1ères gouttes de pluie nous cherchons un bivouac ... qu'il est agréable de ne pas avoir de chaque côté de la route des clôtures, j'ai l'impression de respirer un peu plus. Nous trouvons facilement à poser notre tente sous un bosquet d'arbres qui nous abritera bien de la pluie.

 

Le lendemain nous passons la frontière Chili - Argentine ... A nous les facturas (viennoiseries), glaces, prix un peu plus raisonnables, paquets de pâtes de 500g (400g au Chili!)... La piste argentine est plus mauvaise, de la toile ondulée, des cailloux... Nous posons notre tente face aux montagnes chiliennes et admirons les lumières du coucher de soleil.

 

Bienvenidos in Argentina!

 

Route mythique... mais autoroute à touristes ?

 

De Villa O'Higgins à Villa Santa Lucia, environ 900km que nous avons parcourus en un peu moins de 3 semaines. Nous nous sommes "amusés" à compter le nombre de cyclos que nous avons croisé en route, c'est à dire en enlevant ceux rencontrés quand nous étions en repos en camping... 105 cyclos. Plus que sur les 22 autres mois de notre voyage.

 

Pour être plus précise et objective, il faudrait quand même que je rajoute que nous sommes à contre sens du flot de touristes. La grande majorité descend alors que nous remontons. 

Autre précision, sur nos 22 premiers mois nous avons souvent été "hors saison" sur des incontournables : Pamir en septembre et octobre, plateau tibétain en novembre et décembre et Nouvelle Zélande en automne hiver. Sur la carretera austral nous y étions au début de la saison touristique. Les personnes croisées nous disaient souvent que nous étions les 1ères personnes qu'elles rencontraient sur la route.

Mais une grosse 100aine de cyclos en moins de 3 semaines au tout début de la saison touristique... je n'ose imaginer en janvier et février le nombre de cyclos que les locaux doivent voir passer.

 

Ils ont compris le business à faire et tout est payant et hors de prix (souvent comparable à des prix européens) J'avais souvent l'impression (à quelques exceptions près quand même !) d'être un porte monnaie.

 

J'avoue avoir été déçue par cette route. On en parle beaucoup comme d'un incontournable, d'une route splendide... je pense que je l'avais mise sur un piédestal, je m'attendais à du sauvage, de l'authentique, de la piste, du challenge, de l'isolement.

Peut être que la 1ère partie l'est (de Villa O'higgins à Cochrane), pour le reste si on veut, on peut tous les soirs dormir en camping ou cabanas et se ravitailler en nourriture. Cette route est déjà en grande partie asphaltée.

 

Bref je n'ai pas trouvé ce à quoi je m'attendais. Peut être est ce aussi ma faute d'avoir justement attendu quelque chose... Et de n'avoir pas réussi à lever plus la tête du guidon et juste profiter du paysage splendide.

 

Mais il est vrai que ma définition du voyage à vélo me permet d'aller là où les gens ne vont pas, ou presque... Pour la Carretera Austral c'est loupé ou alors il faudra revenir en hiver quand la neige aura recouvert le paysage !

 


Pour en voir plus c'est par là...


Écrire commentaire

Commentaires: 3
  • #1

    Paquito Perez (mardi, 31 décembre 2019 21:35)

    J'ai parcouru le Chili il y a deux ans depuis la Bolivie jusqu'à Puerto Williams et j'ai donc parcouru la Carretera Austral (en sens contraire). Certes, ce n'était pas les solitudes de l'altiplano (pas un cyclo voyageur rencontré entre Putre et San Pedro), mais on est encore loin du Ventoux en été chez nous. J'ai noué connaissance en cours de route avec 2 Hollandais, un Français et un couple de Belges, faisant route parallèle et se recoupant de Coyhaique jusqu'à Uschuaïa. C'était plutot sympa après des mois seul sur les routes...
    Ceci dit, tu as raison de souligner l'intérêt de l'itinéraire Argentin (que j'ai suivi dans la région des lacs : la ruta de los siete Lagos)
    Bonne route !

  • #2

    Daniel et Frederique (mardi, 31 décembre 2019 22:18)

    Nous avons nous aussi un très bon souvenir de cette route des 7 lacs que nous avions trouvée trop courte en fait. Nous roulions dans les lupins en fleurs début décembre.
    Amitiés et bonne suite

  • #3

    Annie et Jean Pierre (mercredi, 01 janvier 2020)

    Meilleurs vœux pour cette nouvelle année!
    Nous avons débuté 2020 en lisant votre récit, il est arrivée quelques minutes après minuit!
    Les cookies d’Emeline sont un succès qui ravissent les papilles des petits et des grands�
    Bonne route vers vos prochaines jolies découvertes et à bientôt dans le Sud Ouest nous espérons.
    Sok di deu