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Argentine : à la recherche des pistes isolées


Ecrit par Emeline

du 15 décembre 2019 au 1er janvier 2020


A Villa Santa Lucia sur la Carretera Austral au Chili, nous choisissons de quitter cette route (trop touristique à notre goût) pour l'Argentine. Direction Futaleufu (Chili) puis El Bolson (Argentine).

 

Nous retrouvons avec joie la piste, et beaucoup moins de circulation, l'Argentine, ses glaces, viennoiseries et supermarchés aux prix un peu plus cléments! Nous retrouvons aussi le soleil ! Au revoir pluie et nuages du Chili ! A croire qu'il fallait juste passer les montagnes ? Sur nos cartes papiers comme objectif : Los Alerces, le plus vieux parc d'Argentine et une piste isolée qui nous permet d'éviter la route touristique des 7 lacs.

Le parc Los Alerces

 

A Trevelin, nous quittons notre camping pas très tôt, ... de toute façon c'est acté, nous n'arrivons jamais à partir tôt des hôtels et camping, un dernier message à envoyer, un truc à regarder sur Internet, une nouvelle organisation de sacoche à tester...

 

Nous nous dirigeons vers ce fameux parc. La route est asphaltée et le paysage déjà joli. Les montagnes réapparaissent entourées de fleurs et de rivières, d'un bucolisme parfait ! Nous entrons dans le parc (en nous acquittant d'un droit d'entrée de 400 pesos par personne soit environ 5€) et retrouvons de la piste qui, je trouve, ajoute du charme à ce décor : remplacez l'asphalte par du gravier et de la terre, tout semble plus sauvage !

 

Nous nous laissons séduire par cette piste qui serpente au gré de l'eau : de lacs en rivières et cascades, par ces montagnes qui nous entourent et dont les sommets sont encore légèrement enneigés, par ces couleurs encore présentes du printemps, des fleurs et de leurs arômes. Peu de voitures, la poussière reste sagement au sol et ne vient pas nous asphyxier. 

 

Le soir nous trouvons un emplacement paradisiaque dans un camping gratuit "playa los francès"  (ça ne s'invente pas !). Le camping est en hauteur et sans vue sur le lac. Mais un petit sentier qui part de la plage (à gauche quand vous êtes face au lac au bout de la piste - pour ceux qui y passeraient!) permet de longer le lac et de bénéficier d'un emplacement accessible qu'à pied et donc en poussant les vélos! Cerise sur le gâteau, une plage privée pour une baignade rafraîchissante et revigorante, vue sur les montagnes, feu de camp et rondins de bois. Même la grosse pluie du lendemain matin ne vient pas assombrir nos esprits. Nous attendons sous la tente... Nous avons le temps de prendre le temps !

 

Après cette grosse pluie nous retrouvons un soleil timide et de belles montées. Nous sortons du parc dans l'après-midi. Pas de randonnées, la plupart étant fermées mais surtout nous avons toujours un peu de mal à laisser nos vélos et sacoches sans surveillance.

 

La suite de la route jusqu'à El Bolson se poursuit dans ces mêmes nuances, sans lassitude, en piste puis asphalte : ces montagnes, ces rivières, ces fleurs et couleurs ! Rajoutez à cela un emplacement de bivouac de l'autre côté d'une rivière pour une plus jolie vue.  

 

De la hauteur de nos selles nous sommes comblés et avons retrouvé le sourire après ces journées grises et pluvieuses de la Carretera Austral.

 

El Bolson, changement de corps de roue libre or not?

 

Nous passons 2 nuits à El Bolson, où nous dormons en camping. Ici le camping est aussi un sport national. (Comme en Australie et NZ). Dans quasiment toutes les villes il y a des campings privés et souvent municipaux.

 

Nous en profitons pour faire le tour des magasins de vélo pour faire vérifier le mien. Il nous semble que le corps de roue libre de mon moyeu arrière commence à être usé. Quelques bruits, du jeu... Après le changement de celui d'Olivier en terre de feu, les quelques km qu'il commence à avoir et la qualité des pistes... cela ne nous semble pas déconnant. Pourtant les mécanos d'ici semblent confiants : ce serait juste un mauvais réglage de vitesses, la chaîne qui commence à avoir du jeu... bref mon corps de roue libre irait bien ! Nous sommes sceptiques mais repartons. Nous referons le point à Bariloche. Nous y serons pour noël et avons décidé de nous faire plaisir en réservant une cabanas avec piscine chauffée pour 2 nuits ! Pour la première fois depuis longtemps, nous avons donc une échéance de date.

La "Patagonia beer trail", à la recherche de routes secondaires et isolées.

 

J'ai trouvé cette trace gpx sur le site bikepacking.com. Ce site est un peu la bible pour le "bikepacking", c'est à dire voyager à vélo plutôt léger. On y trouve de tout : des conseils, des modèles de vélos, et des itinéraires...

 

En Amérique du Sud, en plus d'aller fureter sur d'autres blogs de voyageurs à vélo, je m'inspire pas mal de ce site. J'avais donc repéré cette trace appelée "Patagonia beer trail". Déjà le nom est vendeur !

Cette trace permet de relier San Martin de Los Andes via Bariloche en partant de El Bolson. Cette route combine une piste abandonnée traversant des steppes isolées argentines et des pistes secondaires longeant des rivières aux eaux transparentes dans les montagnes ! Et la bière dans tout ça? Le long du chemin il y a plusieurs brasseries !

 

La "Patagonia beer trail", de El Bolson à Bariloche.

 

Nous quittons El Bolson sous le soleil, nos 1ers km se font sur une route asphaltée assez passante. Nous bifurquons rapidement à droite sur une piste de graviers entourée de montagne et de forêts. La végétation est verte et parsemé des couleurs des lupins.

 

Au détour d'un virage nous croisons un autre vélo suivi rapidement d'un 2ème. Ce sont Nina et Stéphane (les_cyclotteurs) un couple de français voyageant en gros vtt et bagages plutôt légers. Ils descendent jusqu'à Ushuaïa. Nous discutons bien 1h30 en échangeant plein de bonnes infos pour la suite de cette trace et de notre parcours jusqu'en Colombie. 

 

Nous voulions arriver au camping municipal de El Maiten ce soir mais vu le temps passé à discuter nous en doutons maintenant fort !

 

 

La piste monte gentiment dans du gravier correct pour nos petits pneus. A mesure que nous roulons nous voyons la végétation devenir de plus en plus aride et sèche : les arbres et le vert se font plus rares, les arbustes secs plus présents et le sable et terre nappent le sol.

 

Faute de trouver un bivouac, nous arrivons à El Maiten vers 19h30 et filons au camping municipal qui est gratuit ! Une bonne douche (froide) et nous filons sous la tente.


 

Nous repartons le lendemain après avoir fait quelques courses. La piste monte et descend au creux de ces montagnes arides. Nous croisons régulièrement des rivières et une ancienne voie de chemin de fer. Olivier confiant dans son analyse GPS décide de passer outre la trace que nous avons trouvé et d'emprunter une route qui raccourcirait de plusieurs km... sauf que cette route / raccourci finit gentiment dans un portail et un champ privé où la route disparaît... demi tour et on ajoute 10 km au compteur... on dira que c'était un détour joli et que ça a permis à Olivier de discuter avec un gaucho complètement bourré et allongé au pied de son cheval...

 

Nous reprenons la route initiale et bifurquons rapidement sur une petite piste faite de sable et de graviers. Même si un vtt avec des pneus plus larges serait peut-être plus approprié, nous arrivons à rester en selle avec nos vélos gravel. Au fil des km cette nouvelle piste devient plus étroite et plus isolée. Nous apercevons par moment quelques rares fermes mais ne croisons pas âme qui vive. Nous voulions passer le col aujourd'hui, mais vu l'heure nous posons la tente à l'abri du vent. Le ciel est bleu sans nuage, le soleil baisse doucement et donne aux paysages une couleur particulière de fin de journée. Les tons sont pastel, doux... dans ces moments on hésite souvent à continuer à rouler pour profiter du calme ou à se poser et prendre le temps de ces douceurs.

 

 

Le lendemain 2 cols sont au programme. La piste devient une piste abandonnée. Par endroit elle est recouverte d'herbes, d'un peu de sable ou de cailloux. Nous arrivons à rouler sur les 1ers km du col, mais rapidement la pente et la surface du sol (sable et gros cailloux) nous oblige à pousser les vélos sur les 2 derniers km... ce qui fait râler Olivier... 

Bon il est vrai que j'avais peut être omis de lui dire que cette trace était plutôt pour gros vtt et qu'elle était indiqué roulable à 97%... il pousse mais il râle... il râle mais il pousse ... Pour moi tant que le paysage est sympa ça me va !

 

Nous ouvrons et fermons des portails qui permettent aux troupeaux de vaches et chevaux de ne pas s'échapper. Au col (1480m environ) nous découvrons une nouvelle vallée avec une rivière et une petite ferme. La descente se fait en selle à part à quelques endroits en devers et avec gros cailloux où nous mettons un pied à terre pour assurer la trajectoire.

 

Passé la rivière à pied, nous repartons de suite pour le 2ème col (1380m) où nous pousserons sur les derniers km les vélos. La descente est agréable et nous retrouvons une piste plus fréquentée. 3 rivières à traverser : les 2 premières petites et basses en selle, la dernière plus large en poussant. Nous posons la tente juste après cette dernière, nous nous dépoussiérons dans la rivière et nous réfugions dans la tente avant une belle averse.

 

 

Le lendemain c'est avec veste, gants fins et chaussettes dans les sandales (on a la classe... ou pas) que nous finissons les derniers km jusqu'à Bariloche. Paysages sympa sur les 1ers km puis assez monotone à l'approche de la ville car nous longeons l'aéroport sur une piste tape cul avec pas mal de tôle ondulée. Une fois sur l'asphalte malgré un bon vent de face nous appuyons sur les pédales avec envie d'arriver à notre cabanas de noël.

 

Nous profitons pour faire des courses pour le repas de noël du soir : apéro tapas, poisson au four et légumes, glaces et chocolats artisanaux. Nous sommes bien !

Bariloche, changement de corps de roue libre or not ?

 

Avant de partir de Bariloche, nous faisons le tour des magasins de vélos pour mon souci de corps de roue libre. Dans le 1er magasin le patron, apparemment aussi mécano, règle mon dérailleur arrière qui allait pourtant très bien, trifouille mes plaquettes de freins à l'arrière, en profite pour casser la petite patte qui sert de ressort, et n'arrive pas à les remettre... bref on part vite de ce magasin.

 

On en tente un autre, selon le mécano il y aurait effectivement un souci avec le corps de roue libre. Ils n'ont pas en stock le modèle que l'on a sur les vélos mais veut bien essayer de démonter un moyeu qu'ils ont en rayon et regarder si le corps de roue libre correspondrait. Nous retournons à notre auberge assez confiants jusqu'à ce qu'Olivier regarde sur Internet les 2 modèles et voit clairement que "non ça ne va pas être compatible." Retour à la case départ, je repars avec mon vélo, mon corps de roue libre, on verra bien à San Martin de los Andes!

La "Patagonia beer trail", de Bariloche à San Martin de los Andes

 

Nous reprenons le tracé de la "Patagonia beer trail". Les 1ers km pour sortir de Bariloche et retrouver de la piste ne sont pas glamour. Et puis de nouveau sur la piste nous reprenons un peu de hauteur et de solitude. Il faut dire que nous empruntons une piste longeant des fermes, piste accessible via des portails, un peu sablonneuse mais roulante malgré tout. Dans une descente en prenant un caillou je pince ma chambre à air et crève, c'est Olivier qui a les rustines, étant derrière je crie son nom pour l'appeler. Croyant que j'ai fait une chute et me suis fait mal, il remonte en danseuse paniqué. "Non c'est bon c'est juste une crevaison !!".

 

Quelques km plus loin nous nous arrêtons pique-niquer à côté de la rivière dans une petite clairière à l'ombre des arbres. Le lieu nous plaisant beaucoup, et ce malgré l'heure nous décidons d'y rester pour la nuit. Après-midi tranquille donc entre lecture sur nos téléphones, sieste et baignade fraîche. Le soir 2 autres vélos nous rejoignent. Ce sont 2 américains voyageant 10 jours au chili.

 

Le lendemain, le profil de la trace est montée / descente / montée / descente... bref la fin des montées étant toujours sablonneuses nous poussons. Olivier, plus lucide sur cette suite ou résigné, ne râle plus !

Nous arrivons sur un plateau aride où nous prenons le temps de prendre des photos. Cette partie de piste longe de plus ou moins haut une rivière transparente. Le temps est avec nous, le ciel bleu et le soleil lui donne une teinte différente en fonction des heures de la journée. C'est magnifique ! Nous ne sommes pas mécontents d'avoir fait l'impasse sur la célèbre route des 7 lacs, sûrement magnifique mais aussi très touristique.

 

Nous arrivons au village de Villa Llanquin qui est accessible à pied et vélo par un pont suspendu et par un bac pour les voitures. De là direction le parc de Lanin par la route 63. Plus de passage de voitures et donc une piste plus cassante avec pas mal de tôle ondulée. La piste étant assez large nous arrivons à trouver un endroit plus souple où rouler. Ce soir-là, le bivouac aura juste comme avantage une vue sur les montagnes, pas de rivière ni d'herbe où poser la tente mais de la poussière... on ne peut pas faire carton plein à chaque fois !

 

 

Le lendemain matin c'est col au programme, une jolie montée de plus de 7% de moyenne. Heureusement que la piste n'est pas passante car nous occupons souvent le côté opposé de la route. Arrivés au col, nous sommes bluffés, la vue est plongeante sur toute la vallée suivante. Une belle descente et nous retrouvons une piste plus fréquentée par les locaux venus se baigner et profiter du parc en ce jour de dimanche. Nous mangeons donc de la poussière et trouvons un lieu de bivouac cette fois ci à côté d'une rivière. 

 

Le lendemain, après un col tout gentil sur asphalte nous plongeons dans une belle descente le long du lac Lacar vers San Martin de Los Andes.

 


San Martin de los Andes, changement de corps de roue libre or not?

 

Allez, arrêtons le suspens... oui nous avons trouvé un moyeu dont le corps de roue libre était compatible avec le notre. Acheté dans un magasin, changé dans un autre.

Pour les curieux, nous avons un moyeu shimano deore 36 rayons M525A compatible avec les corps de roue libre des moyeux RM475 et M530.

 

Nous décidons de passer le nouvel an à San Martin espérant avoir un peu d'ambiance. Nous nous faisons un bon repas au camping et sortons vers 23h. Nous allons dans les rues désertes de la ville à la recherche d'une brasserie ouverte... sans succès. On nous avait dit que le nouvel an serait tranquille mais nous ne nous attendions quand même pas à ça. Nous finissons sur la plage pour les 12 coups de minuit entourés de quelques locaux. 

En route vers le Chili via le "Paso Huahum"

 

C'est donc plutôt frais et dispo que nous partons le 1er janvier vers la frontière chilienne par le paso Huahum. Le ciel est nuageux et gris et c'est assez surpris que nous roulons sous de belles averses de pluie, grêle et coups de tonnerre ! Entre, le soleil revient et nous avons le temps de sécher. Nous longeons le lac Lacar où nous n'avons malheureusement aucune vue. Nous trouvons malgré tout un bivouac caché sous des arbres et dont un petit sentier permet de profiter d'une petite plage. Une jolie dernière soirée argentine...

 


Pour en voir plus c'est par là...


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Commentaires: 2
  • #1

    Amandine (mercredi, 29 janvier 2020 12:46)

    Mais quel suspens ! Je ne sais pas ce qu'est un corps de roue libre mais j'étais stréssée pour vous lol !

    Par contre je suis frustrée ! Pas de photos de votre cabanas avec piscine chauffée !!! c'était bien ?

  • #2

    Lesbilauàvélo (jeudi, 30 janvier 2020 08:07)

    Intéressant votre itinéraire...
    On vient de terminer un périple
    Conception USHUAÏA...à velo
    Pluie ripio vent..
    Mais une merveille
    Bonne continuation