Patagonie : Vers la Carretera Austral

Après 5 jours passés à El Chalten, à manger, cuisiner, dormir...  le temps que la pluie décide de laisser la place au soleil... nous réenfourchons nos vélos sous une météo mitigée mais tant pis, nos jambes et vélos nous démangent trop. Félix, lui, préfère attendre encore un jour. Moi je tourne en rond. Tant pis si l'on se prend quelques averses, mais j'ai besoin d'être de nouveau au grand air !

En route pour Villa O'Higgins et le début de la fameuse "Carretera Austral"

Le ripio c'est du gravier. Nous avons des vélos type "gravel", tout colle!

Nous avions aperçu cette piste en hauteur alors que nous randonnions vers le Fitz Roy. Elle serpentait et s’enfonçait dans une vallée. Le cadre nous avait déjà plu.

Nous partons sous le soleil. Quel bonheur après ces jours de pluie. Une gendarmette nous arrête au début de la piste et nous fait comprendre que nous ne pouvons pas aller à vélo jusqu'au lac del Desierto car la route serait inondée. On se dit qu'on verra bien au moment venu ! A vélo ça passe souvent plus facilement qu'avec une voiture !

La route est magnifique, elle longe la rivière gonflée par les derniers jours de pluie. Sur les bas côtés, des prairies et arbustes qui invitent au bivouac. La neige est toujours sur les sommets des montagnes. Je trouve que cela donne plus de relief, de perspectives, d'avoir du blanc au milieu de vert et des roches.

Au bout de 5 km, Olivier bondit de sa selle ... "tu as pris le filtre à café et notre économe ?"... " euh... non". Ces 2 objets fétiches de notre cuisine sont donc toujours sagement en train de sécher dans la cuisine de l'auberge. Sans les sacoches, Olivier fait l'A/R pendant que je l'attends en bouquinant dans l'herbe.

Le ripio est bon, mais peu à peu des nuages viennent à notre rencontre et annoncent quelques gouttes. Nous enfilons nos affaires de pluie et prenons une belle averse sur la tête. 

De la piste, nous remontons la rivière qui grossit à mesure que nous avançons vers le lac. Avec les grosses pluies précédentes, l'eau est sacrément montée et vient souvent lécher la route... voir l'inonder. Quelques km avant le lac, devant la route inondée, nous faisons les difficiles et repérons un endroit où poser la tente en hauteur en se disant que l'on mettra les pieds à l'eau demain matin. Nous montons la tente vite fait avant une autre belle averse !

Le lendemain c'est sous le soleil que nous reprenons la route, les pieds dans l'eau, vers le "Lago Del Desierto ".

Partie facile ! Quoique je suis souvent malade en bateau, mais là, peu de vent, le lac est calme, tout se passe bien! 45 min plus tard, nous débarquons de l'autre coté du lac. D'autres cyclos embarquent en sens inverse. Leurs quasi seuls mots : "bon courage! prêts pour la boue ?" Je leur réponds en souriant "oui, nous avons réservé une thalasso boue et eau froide !"

Il est midi, nous profitons du spot de bivouac splendide face au lac et au Fitz Roy (toujours derrière ses nuages!) Nous ne voulons attaquer la randonnée que le lendemain matin. Le bateau pour le lac suivant n'est que dans 2 jours nous avons le temps.

Bateau 2 fois par jour, 40$US... oui ça fait mal !

Ce matin, nous sommes de nouveau à 3, Félix nous a rejoint hier soir. Nous passons faire tamponner notre passeport pour la sortie du territoire Argentin bien que nous ne sortirons du territoire que dans 6 km.

6 km de rando, ce sont mes fameux "km thalasso boue et eau froide". Ce sentier est un chemin de randonnée, peu voir pas adapté à des vélos et encore moins chargés de sacoches ! Mais ce sentier doit voir passer un sacré grand nombre de voyageurs à vélo ! Nous partons gaiement en poussant nos vélos sur un bon premier km de montée. Nous avons prévu le coup avec Félix et avons déjà mis nos sandales aux pieds. Olivier préfère se la jouer "chaussures de trail" au départ.

La boue arrive vite et nous voilà pataugeant dans le mini cours d'eau et les flaques de boue. Le soleil est là, le ciel est quasi bleu, c'en serait presque plaisant, et en tout cas, c'est amusant !

Nous poussons, tirons, portons nos vélos au milieu de la forêt, ça passe ! A la 1ère rivière,  nous avons le choix entre un pont de rondins de bois un peu instable ou une traversée de rivière. Choix 1 pour Olivier, Choix 2 pour Félix et moi, une occasion de nettoyer nos vélos... qui se reprennent de la boue quelques mètres plus loin. 

3 rivières à traverser avec de l'eau à mi cuisse (heureusement nos sacoches sont bien étanches), des champs de boue, des racines et branches à contourner... nous achevons ces 6 km  en moins de 3h (pauses photos, vidéos et snack comprises !). 

Nous nous posons dans une clairière au soleil pour pique niquer... une petite sieste et puis nous décidons d'y établir le campement.. nous ne sommes pas pressés : le prochain bateau ne part que demain après-midi !

Et surtout, nous profitons enfin de la vue sur le Fitz Roy ! il était temps !!

Le lendemain nous passons physiquement la frontière entre l'Argentine et le Chili, et retrouvons de la piste, de la vraie où l'on peut remonter sur nos selles ! Piste plutôt descendante, nous avalons les km et croisons d'autres cyclos et randonneurs en sens inverse.

Nous plongeons dans une belle descente vers le lac O'Higgins, d'un bleu impressionnant. Le soleil lui donne des teintes magnifiques.

Nous arrivons tôt au poste de douane chilienne et tombons sur un douanier avec un bel humour. Il nous fouille quelques sacoches (nous n'avons pas le droit de passer avec des fruits et légumes frais), un nouveau tampon et nous voici au Chili.

A El Chalten, l'office de tourisme nous avait dit qu'il y avait un bateau à 19h. Notre copain douanier nous informe qu'il n'est pas à 19h mais entre 15h et 16h. Il y aura effectivement bien un bateau à 16h30, déchargeant 3 matelas, 2 moutons vivants et 3 sacs de poulets, vivants eux aussi, mais ne prenant pas de touristes.

On nous informe alors qu'il y en aura bien un le lendemain à 9h. Nous plantons la tente en hauteur et profitons d'une vue splendide sur le lac O'Higgins.

A 8h30 le lendemain, nous voici au ponton, prêts à embarquer pour un bateau qui pointera le bout du nez à 10h30. La traversée est assez mouvementée, le vent est fort et fait tanguer le bateau. Après 1h45 nous voici de l'autre côté du lac !

De la piste facile, quelques montées descentes faciles, nous arrivons rapidement à Villa O'Higgins et posons notre tente dans le jardin d'une auberge où nous profitons d'une première journée ensoleillé avant de se prendre le lendemain une bonne journée de pluie que nous passons au chaud dans la salle commune... à cuisiner et manger !