· 

Patagonie : de Punta Arenas à El Chalten, entre Chili et Argentine


Ecrit par Emeline, Félix , Kyla & Olivier

Du 3 au 17 novembre 2019


Punta Arenas - El Chalten... un petit 1000 bornes... le chiffre sonne bien... Nous nous préparons, confiants, à affronter le vent de face toujours là, à découvrir autre chose que la pampa de la terre de feu, à espérer de bonnes journées ensoleillées, après tout ,nous allons vers l'été et le Nord (donc le chaud !) 

A la rencontre du vent Patagonien par Emeline

 

De Punta Arenas, nous partons gaiement sur nos vélos, vent de face vers Puerto Natales, en se disant "nous avons vaincu le vent sur la Terre de Feu, c'est bon ! une formalité de plus!". Ça, c'était avant d'avoir vraiment connu le VRAI vent Patagonien !! 

 


Nous roulons une 60aine de km jusqu'à une station service où nous demandons à poser notre tente à l'abri du vent. Le lendemain nous faisons durement 20 km jusqu'à un refuge où nous pique-niquons. Le vent augmente à mesure de la journée, je bats de nouveaux records : 

- 7km/h, en descente et en appuyant sur les pédales !

- Petit plateau (22 dents pour les initiés) en descente...

 

Le vent est fort, mais les rafales encore plus, et nous envoient régulièrement faire des écarts dans le fossé. Nous arrivons tant bien que mal, mais plutôt mal, à remonter en selle. Il est même difficile de tenir debout à côté de nos vélos. Une rafale m'envoie dégringoler dans le fossé. Plus de peur que de mal et je remonte déterminée sur ma selle...

 

A la 3ème chute, quand un pick up fait demi tour et s'arrête à notre niveau pour nous proposer de nous avancer jusqu'à Puerto Natales, nous n'hésitons pas longtemps  "Ok pour nous avancer jusqu'à notre prochain bivouac à 15 km d'ici". Et puis, au chaud dans la voiture alors les rafales de vent brutalisent les vitres et les portières, nous demandons à notre sauveur : "oui tout compte fait, Puerto Natales c'est bien aussi !"

 

C'est donc en un temps record que nous arrivons à Puerto Natales et trouvons une auberge pour rester au chaud le lendemain où des trombes d'eau viennent détremper la ville !

 

Nous en profitons pour trouver un nouveau matelas pour Olivier, matelas qui a depuis quelques jours des petites faiblesses. Nous faisons également la connaissance de Félix, cyclo français avec qui nous partagerons nos prochains km...

De PUerto Natalès - Chili à El Calafate - Argentine, par Félix

Je change d’auberge. Sur Facebook, grâce au groupe voyageur à vélo, on me donne une adresse qui correspond à mon budget. Ainsi, je rencontre Emeline et Olivier, un matin pluvieux à Puerto Natales. Leur deux sourires m’accueillent autour d’un café chaud. On échange énormément sur le matériel, ils me racontent leurs anecdotes me donnent des conseils, des astuces ! 


 

Nous partons le lendemain de Puerto Natales, sous un ciel nuageux. Celà me fait tout drôle de pédaler de nouveaux avec des gens, c’est un mélange de joie et d’anxiété un peu ! 

Le vent souffle encore, puis s’éteint doucement à mesure que nous nous enfonçons entre les montagnes.  La route est bordée de petits abris de bus en bois, il y en a tous les 30km et ce sont des refuges à cyclistes parfait. On en squattera un pour le lunch.

On avance. Autour de nous, des pâturages, des montagnes... c’est grand, et c’est beau, et... c’est grand. On passe près d’un lac, Olivier remplit la bourriche d’eau.

 

On abat quelques 60km jusqu’au « Refugio ». Eeet que buenoo ! Il y a un poêle à bois ! On va pouvoir se réchauffer. La soirée ressemblera à une soirée d’automne pluvieux français : feu de bois, thé, jeu de société, interminables conversations. Olivier m’apprend à jouer au « ocho », pendant que Emeline écrit le carnet de route. Cela fait un bien fou d’avoir de la compagnie en bivouac ! 

 

Nous reprenons la route et passons la frontière à Cerro Castillo. Un tampon de plus sur le passeport ! Petit à petit nous nous enfonçons de nouveau dans la pampa, on abandonne les montagnes pour l’immensité des plaines. Encore une fois, je suis surpris par le lointain, pour reprendre Sylvain Tesson, les lignes de fuite sont étourdissantes. 

D’abord sur du  « ripio » (le Gravel argentin),  on entame ensuite les premiers coups de pédales sur l’asphalte de la célèbre ruta 40. En plus de ça, le vent nous pousse, il nous fait voler à travers la pampa à 30km/h sans efforts 🤪, c’est franchement fantastique ! 

 

Il est 4h de l’après midi quand nous décidons de poursuivre la route vers une ancienne station de police à 40km de là, a priori c’est un bon refuge à cyclistes. De gros nuages nous suivent. L’ambiance est tout de suite plus grave. Pas déplaisante, mais plus sérieuse, on se concentre pour avancer. La route (en ripio) est pleine de gros cailloux, ça vibre dans les bras. La pluie s’abat sur nous pendant une petite heure, et passe son chemin pour de nouveau laisser la place au soleil. Ouf, on va pouvoir sécher ! Nous trouvons enfin cette ancienne station de police. Un grand bâtiment avec plusieurs pièces, des signatures et des petits mots des nombreux cyclo voyageurs qui sont passés par là. On rencontre Sam, un anglais en bikepacking, son vélo ressemble à une plume à côté de nos ancres en fonte (et encore on est pas les plus lourds). 

 

 

Nous reprenons la route sous le soleil. On atteint vite la ruta 40. A la fin de la journée, la pampa plonge dans une vallée gigantesque, on aperçoit au loin la cordillère, et même le célèbre mont Fitz Roy ! C’est encore une fois immense. 

 

4e jour, nous décollons de la “maison” où nous avons passé une nuit plutôt fraîche (courant d’air à vous glacer les os). 55km muy tranquilo jusqu’a El Calafate. L’immensité des plaines laisse place à la proximité des rues et des habitations. La ville est comme une oasis au milieu du désert, retour à la civilisation !

 

Perito Moreno : le fameux glacier, par Olivier

El Calafate, nous nous levons tranquillement après une bonne nuit de sommeil en dortoir. Nous sommes dans un petit hôtel sympa et les dortoirs sont au milieu d’un beau jardin, table en bois dehors et beau soleil. Bref, endroit et moment parfait pour se ressourcer. Mais nous ne resterons qu’une seule nuit, l’idée du jour : aller voir le glacier « Perito Moreno ».

 

Pour cette balade de 2 jours, nous décidons de partir chacun de son côté Félix et nous. Nous trainons un peu plus à l’auberge que notre compagnon de route des derniers jours et partons 1h environ après lui.


 

La route est magnifique. Nous commençons à apercevoir les montagnes enneigées au loin et nous en rapprochons au fur et à mesure de nos 55km de balade du jour. Sur notre application I-overlander (application avec laquelle nous trouvons les informations et bonnes astuces pour dénicher les coins de camping ou autre) nous avons repéré un endroit de bivouac juste avant l’entrée du parc « Los Glacieres » qui abrite notre glacier. Nous en faisons donc notre cible et y arrivons assez tôt, vers 15h. Le temps de rouler les 2 derniers kilomètres jusqu’à l’entrée du parc, vérifier qu’on ne trouve pas une meilleure place et nous posons finalement notre tente à l’endroit prévu vers 16h. Soleil, pas de vent, nous sommes en contre haut de la route avec une vue agréable, parfait pour passer une bonne après-midi à bouquiner tranquillement.

 

 

Vers 21h, après le traditionnel bon repas cyclo (du riz ou des pâtes…), nous nous installons dans la tente. Le temps de lire 3 pages quand une voix nous interpelle : « Emeline, Olivier ??? »  Bin euh, oui, c’est nous !??!! Et voilà Félix, qui avait repéré le même site, et qui posera sa tente à proximité de la nôtre pour la nuit. Il a pris le temps d’aller au glacier dans l’après-midi (aller/retour de 60km à partir de notre camp de base), et a décidé de se poser ici lui aussi.

 

Le lendemain matin, petit déj tous les 3 et pendant que Félix rentre vers El Calafate, nous prenons la route sous un beau soleil pour aller admirer le glacier. La route est vallonnée, ça monte ça descend, nous longeons le lac dans lequel le glacier se jette, mais sans vue sur le monstre. Puis il apparait au loin. Ou plus exactement, nous en voyons une toute petite partie, déjà très impressionnante alors que nous sommes encore à quelques 5km. Premières photos, en imaginant ce qui nous attend un peu plus loin. Nous arrivons à destination après une belle petite côte. De ce point de vue en hauteur partira notre balade le long des diverses passerelles qui ont été installées face au glacier, à flanc de colline.

Alors, parlons rapidement de ces fameuses passerelles, de ce site à touristes… oui, il y a beaucoup de monde, oui c’est très touristique, mais les passerelles sont plutôt bien faites, respectueuses de l’environnement, de manière à ne pas trop dénaturer le site et permettent de faire circuler la foule d’une manière à ce qu’on ne soit pas les uns pour les autres, bravo à eux.

 

Maintenant, parlons de lui… Le PERITO MORENO

 

Un peu de culture générale d’abord (merci Wikipédia pour les infos complémentaires) : une surface de plus de 250km² (plus grand que Buenos Aires quand même !!!), le front de glace devant nous est long de 5km environ (oui oui, 5km, 5000m…) et est haut de 60 à 70m environ (selon les versions). Il s’enfoncerait dans les eaux jusqu’à 700m de profondeur au niveau le plus épais !!! Et devant lui en effet, même en le surplombant sur nos petites passerelles, même en ne voyant que 10% de sa hauteur réelle, on se sent tout petit. Tout petit devant son immensité bien sûr, mais aussi parce qu’il est vivant. Et contrairement à beaucoup (trop…) de glaciers dans le monde, celui-ci vit bien et avance. Il progresse même de 2m par jour (laissant échapper dans l’eau des blocs de glace sur son front d’environ autant, ce qui fait que visuellement, nous ne le voyons pas). Ces blocs de glace qui se détachent et s’effondrent dans l’eau, c’est peut-être d’ailleurs le plus impressionnant. Nous sommes resté devant lui pendant 2h environ, et avons assisté à une bonne dizaine de chutes de morceaux de tailles très différentes, jusqu’à un morceau de paroi d’environ un tiers de sa hauteur. Le bruit de chaque bloc est assourdissant. Ça craque, ça casse, ça glisse, ça s’effrite et ça plonge, bref, ça vit. Les couleurs sont hallucinantes avec ce soleil, reflets bleus, blanc brillant par endroits, des couches de sédiments noirâtres recouvrent également une partie du front de glace.

 

 

Le spectacle est grandiose et gigantesque. Nous en profitons un très long moment, prenant vidéos et photos (une bonne dizaine de fois la même prise, y aura du tri à faire mais ce n’est pas grave !) et surtout en prenant le temps de nous arrêter pour regarder tout ça par nous-même, avec nos yeux. Rarement vu un phénomène naturel aussi impressionnant... toutes nos photos, toutes nos images ne permettront certainement pas de montrer la réelle magie du lieu.

 

 

Et c’est les yeux remplis de ses belles images, les oreilles encore pleines de ses bruits, de sa vie que nous quittons le Perito Moreno et reprenons la route du retour vers El Calafate. Quelques kilomètres avant la ville, nous bifurquons à gauche jusqu’à aller au bord de l’eau, poser notre tente et passer la nuit. Le lendemain, retour à notre auberge, le temps de passer chercher nos nouveaux supports de fourche (on est allé faire souder celui d’Emeline qui avait cassé et notre « réparateur » nous a proposé de nous en refaire 4 neufs en acier pour remplacer les nôtres en aluminium qui semblaient depuis l’Australie montrer des limites aux vibrations, malgré le peu de poids qu’on avait chargé après première réparation). L’occasion aussi de grignoter un sandwich taille XXL le midi (ils le vendent au demi-mètre de sandwich !!!), et on finira la journée par un délicieux clafoutis à la poêle cuisiné par Emeline et une bouteille de vin, un peu moins délicieux… 

 

Nouvelle route, nouvelles rencontres : 

 

Demain, ce sera route vers El Chalten avec un premier stop au bout d’une centaine de km dans un ancien restaurant, abandonné. Sur la route, de nouveau partagée avec Félix, nous rencontrons Mauricio, vénézulien en voyage à vélo en Amérique du Sud, et Léonardo, son ami argentin qui l’accompagne sur les 200km jusqu’El Chalten. Après une après-midi en commun, eux décident d’aller dormir dans une Estancia quelques km après notre point de bivouac, cette fameuse maison rose sur le bord de la route, où nous attend une surprise : la maison est, pour ce soir, déjà occupée…  par Kyla, une cyclo originaire d’Alaska, partie elle aussi de Ushuaia quelques semaines auparavant et avec qui Emeline est en contact par messages depuis… Quand on vous dit que le monde est parfois bien petit !!!

 

Et notre nouvelle rencontre va se joindre à nous pour affronter les 2 derniers jours de route jusqu’El Chalten, alors, puisqu’elle roule avec nous, je lui laisse écrire la suite de l’article !

 

FRom The "Pink House" to the "Blue House" in El CHalten, by Kyla

(traduction à la fin du paragraphe)

I met Emeline and Olivier at the pink house. After three weeks of headwind solidarity through text message, we separately basked in the vast and beautiful road out of El Calafate. 90 km of sun and open roads brought me to “the pink house,” an abandoned house known amongst cyclists. Shortly after choosing a building to call home for the night, I saw a group of cyclists pulling over on the road. Emeline, Olivier, and Felix joined me in our sweet luxury apartment, a building with the broken glass already swept to the edges of the room with ample protection from the wind. With our tents set up, we looked around and agreed that to anyone who wasn’t a cyclist, this place might be more scary than lovable. Looking at the glacial river flowing in front of us, we agreed that we had found a momentary paradise. 


 

Sleeping peacefully in the windless building, we awoke the next day to take on a short 50km towards El Chalten. The road provided the desolate beauty of rolling desert hills surrounding a glacial lake. As it slowly started to rain, the air was filled with the smell of wet sage. As cyclists, we are exposed to the elements. Although sometimes this makes getting through the day incredibly challenging, it also allows us to appreciate every small beauty. Walls that protect us from the wind, the smell of wet earth, strangers offering a bottle of water...every day takes us through challenges and leaves us feeling satisfied and happy in our tents. 

 

 

After riding near a bright blue glacial lake, we cooked together in an old concrete house on a farmers land. One of the best parts of meeting other cyclists is talking about food. Most of our conversations end up being about food whether we like it or not. Because we’re all from different parts of the world and have varying levels of experience on the bike, we can share new recipes with each other. After separate but shared pasta dinners, Emeline enlightened Felix and I by making camp stove pancakes complete with Nutella and dulce de leche. Although it was obvious we were all being polite, our bottomless hunger made each pancake disappear with rapid speed. After pancakes and shared ukulele songs, we happily crawled into our tents and fell asleep, awakening only to the sound of rain falling peacefully on our tents. 


 

Our final day before El Chalten brought us the familiar emotional ups and downs that come with cycling into the wind. We left our little home only to realize shortly after that the wind was back and it would not stop. Although just two days earlier, 90km had seemed like a short distance, the headwind made 50km feel like 5000. We fell in line, one of us after the other taking on the task of blocking the wind for the other three. We took it 15km at a time, stopping only when one of us couldn’t take it anymore. This road brought more of the beautiful sage brushed landscape and added the snow capped mountains that lead the way to Fitz Roy. We put our heads down and pushed on the pedals. In the final five kilometers, the wind picked up to 30 knots with 60kn gusts. These gusts knocked Felix and I off of our bikes and wiggled their way into my head, bringing a couple of tears and a little pep talk. 

 

There are no words to describe how much a person can appreciate having friends with them when cycling into the wind. Although the four of us had only been together for about a day, I felt a quick closeness to Emeline, Olivier and Felix that can only come with pushing into the wind together.

 

 

J’ai rencontré Emeline et Olivier à la maison rose. Après trois semaines de vent de face, de solidarité à travers des messages, nous avons profité chacun de notre côté de la vaste et superbe route pour sortir d’El Calafate. 90km de soleil et une grande route m’ont conduit à la « maison rose », une maison abandonnée connue par les cyclistes. Peu après avoir choisi un des bâtiments comme refuge pour la nuit, j’ai vu un groupe de cyclistes s’arrêter sur le côté de la route. Emeline, Olivier et Félix se sont joints à moi dans notre appartement luxueux et agréable, une construction avec des bris de verres déjà dégagés sur les côtés de la pièce, avec ample protection contre le vent. Une fois nos tentes installées, nous avons regardés autour de nous et sommes tombés d’accord sur le fait que pour n’importe qui n’étant pas cycliste, cet endroit aurait été plus effrayant qu’adorable. Regardant la rivière de glacier coulant devant nous, nous avons convenu que nous avions trouvé un paradis temporaire.

 

Ayant dormant paisiblement à l’abri du vent, nous nous sommes réveillé le lendemain pour une courte journée de 50km vers El Chalten. La route nous a offert un paysage de désolation avec des collines désertes entourant un lac glacier. Comme il commençait doucement à pleuvoir, lair était rempli d’odeur de sauge humide. En tant que cyclos, nous sommes exposés aux éléments. Bien que parfois cela ne nous donne une journée incroyablement "challenging", cela nous permet aussi d’apprécier chaque petite chose. Des murs qui nous protègent du vent, l’odeur de la terre mouillée, un étranger offrant une bouteille d’eau… chaque jour nous emporte vers des défis et nous nous font ressentir satisfaits et contents dans nos tentes.

 

Après avoir roulé au bord du lac glacière bleu, nous avons cuisiné ensemble dans une vieille maison en béton sur un terrain fermier. L’une des meilleures choses en rencontrant d’autres cyclistes, c’est parlé de nourriture. La plupart de nos conversations se terminent par quel repas nous préférons ou pas. Parce que nous sommes tous d’une partie différente du monde et avons des expériences différentes de voyage à vélo, nous pouvons partager de nouvelles recettes avec chacun. Après nos repas de pâtes, tous différents mais partagés, Emeline nous a ravi Félix et moi en cuisinant des pancakes au réchaud de camping, accompagnés de Nutella et Dulce de Leche (confiture de lait). Bien qu’il fût évident que nous soyons tous des gens polis, notre faim sans fond a eu raison et a fait disparaître rapidement chaque pancake. Après avoir partagé ces galettes et quelques chansons accompagnées au Ukulélé, nous nous sommes joyeusement glissé dans nos tentes et nous sommes endormis, seulement réveillés par le son de la pluie tombant doucement sur nos tentes.

 

Notre dernière journée avant El Chalten nous a apporté les émotions familières de hauts et bas qui viennent quand on fait du vélo face au vent. Nous avons quitté notre petite maison seulement pour réaliser rapidement que le vent était de retour et ne s’arrêterait pas. Bien que 2 jours plus tôt, 90km ressemblait à une courte distance, le vent de face a changé 50km en 5000. Nous avons roulé en file indienne, l’un après l’autre protégeant les trois autres du vent. Nous avons fait 15km en une fois, nous arrêtant seulement quand l’un de nous n’en pouvait plus. Cette route nous a apporté encore plus de paysages arides et ajouté un toit de neige sur les montagnes, ouvrant la voie vers le Fitz Roy. Nous avons baissé la tête et appuyé sur les pédales. Dans les cinq derniers kilomètres, le vent montait à 30 nœuds (55km/h) avec des rafales à 60 nœuds (110km/h) Ces rafales nous ont fait chuter de nos vélos Félix et moi, et m’ont remué, m’apportant quelques larmes et un mot d’encouragement.

 

Il n’y a pas de mots pour décrire combien une personne peut apprécier d’avoir des amis avec elle quand elle roule contre le vent. Bien que nous ne nous connaissions tous les quatre que depuis un jour, je me suis sentie rapidement proche d’Emeline, Olivier et Félix, ce qui ne peut venir seulement quand on lutte ensemble contre le vent. 

 

En marche vers le Fitz Roy... ou pas ?!?? par Olivier

Après quelques jours à attendre une fenêtre météo correcte dans notre auberge (bref, on attend que la pluie s’arrête…), nous sommes prêts à partir marcher dans les montagnes à la rencontre des sommets voisins. Puisqu’on ne veut pas rester ici trop longtemps malgré toutes les possibilités de randonnées autour de la ville, nous sélectionnons la rando nous permettant d’avoir une vue sur le sommet le plus célébre, le plus spectaculaire et le plus haut de la région, le FITZ ROY. 3405m, un pic rocheux impressionnant sur les photos, on ne veut pas manquer ça.

 

Il est 11h, et nous voilà en marche (pour une fois, les vélos sont au repos), toujours en équipe avec Kyla et Félix. Nous marchons tout d’abord sur un sentier qui grimpe pendant un gros kilomètre et nous permet d’avoir une vue magnifique sur la vallée. Cette vallée, c’est celle qui nous attend 2 jours plus tard, une rivière qui serpente au pied de deux rangées de montagnes enneigées. On distingue la route en terre et cailloux qui longe cette rivière, et c’est cette route qui nous permettra de rejoindre la frontière chilienne, ou presque (la suite au prochain épisode). Ça me donne l’eau à la bouche et envie d’en découdre avec cette vallée, j’ai hâte d’y être.

 

Mais il me faudra encore attendre, aujourd’hui, c’est rando ! On continue notre chemin pendant environ 7km  de plat dans les forêts, à serpenter sur les chemins nous conduisant au pied notre ascension du jour. Arrivés presqu’à destination, on a la chance d’avoir une vue dégagée sur les sommets qui entourent le Fitz Roy. Il y a toujours pas mal de vent, ce qui permet aux nuages de bouger assez rapidement et nous donne alternativement des moments d’éclaircies ou de brouillard. Nous choisissons de déjeuner ici et avons la chance de voir les nuages se dégager. Oui, il y a bien pire pour déjeuner, j’avoue.

 

Les sommets sont donc bien visibles, tous, sauf un… le Fitz Roy fait son timide et ne se montre pas. Ce n’est que partie remise, on l’espère, alors, en route pour les 2 derniers kilomètres, à grimper dans un sentier rocheux, les pieds à moitié dans l’eau, puis dans la neige… L’occasion d’une petite bataille de boules de neige, oui, on ne se refait pas…

 

Une fois là-haut, le spectacle est bluffant. Une lagune recouverte de glace s’étend au pied des sommets que nous avons la chance de bien voir entre 2 passages nuageux. Le vent souffle, il fait plutôt frais, mais nous prenons le temps de quelques photos, Kyla perchée sur son rocher, Félix debout au pied, Emeline coachant tout le monde pour une désormais traditionnelle photo de « jump » où, faute de Fitz Roy visible, elle me propose de modifier le challenge et de sauter au-dessus de nos deux compagnons de route... si possible sans les blesser. Une bonne maîtrise, non pas de mon impulsion, mais de la contre plongée par ma photographe et on évite tout risque de blessure, ça ne se voit presque pas sur la photo !

 

 

Outre la bonne rigolade de ce genre de prise, partagée en plus cette fois avec les copains de route, je me rends compte encore une fois de la chance qu’on a de nous trouver dans ce genre de lieux et de pouvoir faire les zouaves devant de tels paysages. Alors, OK, le Fitz Roy ne se montrera pas aujourd’hui, mais la vue est à couper le souffle tout de même, et cette balade restera elle aussi dans la liste des jolis détours. Nous redescendons dans la grisaille (bon timing pour arriver en haut et profiter avant que le temps ne se couvre !!) et profitons de notre soirée tous ensemble devant un nouveau bon repas. Oui, la Casa Azul, notre auberge, aura été l’occasion de faire le plein d’énergie grâce de supers repas chaque soir, partagés entre tous : les burgers de Kyle (sud-africain lui aussi à vélo que nous avons rencontré ici), légumes au four de Kyla et Félix, sans oublier les nombreux desserts d’Emeline qui ont régalé tout le monde à l’hôtel, banana bread & chocolat, des cookies « façon Julie » à tomber,  crumble pommes/poires/banane, bref, tous les soirs, c’était le défi de la meilleure pâtissière réussi par Emeline, le tout partagé avec le sourire et la bonne humeur de Marcia et Fabio, nos deux accolytes brésiliens rencontrés ici. Une belle manière de finir notre aventure dans le sud patagonien avant de tourner nos regards vers la frontière chilienne et la Carretera Austral.

 


Pour en voir plus c'est par là...


Écrire commentaire

Commentaires: 2
  • #1

    Bruno bubu (samedi, 30 novembre 2019 12:53)

    Magnifiques photos du Perito Moreno !

  • #2

    Amandine (dimanche, 01 décembre 2019 20:16)

    Encore de magnifique paysages, de belles rencontres et de chouettes expériences ! Magnifique le glacier Péritoine Moreno ! C'est toujours chouette de suivre vos péripéties et ça donne des idées de futures destinations...