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Patagonie : La terre de feu


Ecrit par Emeline

du 18 octobre 2019 au 1er novembre 2019


Après plus de 20 mois sur la route et pas loin de 26.000 km au compteur, nous arrivons à Ushuaïa, en Patagonie Argentine : la fin du monde "Fin Del Mundo"...

Nous avons un peu de mal à réaliser qu'une nouvelle page de notre aventure est en train de s'ouvrir ! A nous les Andes, les hauts cols et plateaux, les paysages divins, les rencontres, de beaux km encore à pédaler !! 

1er pas en Patagonie : à la découverte d'Ushuaïa

 

Après une nuit et 2 jours à récupérer de notre long trajet entre Melbourne et Ushuaîa, nous arpentons les rues pentues de cette ville à la recherche de repères : où fait-on les courses, où retire-t-on de l'argent, comment dit-on "Bonjour, je suis française, je parle un tout petit peu espagnol" (Nous avons eu la bonne idée tous les deux de faire allemand 2ème langue ! alors en plus d'une nouvelle culture, une nouvelle langue est à découvrir ! )

 

Nous abandonnons nos vélos une demi journée pour aller randonner au Cerro Del Medio. Une randonnée qui part du centre ville et permet d'avoir une belle vue panoramique sur Ushuaïa. 

Nous nous laissons guider par les traces de peinture jaune sur les troncs d'arbres et découvrons la végétation qui entoure Ushuaïa. Après quelques km dans la forêt en essayant d’éviter du mieux que nous pouvons la boue et les coulées d'eau de la fonte des neiges qui envahissent le sentier, nous commençons à monter doucement sur un sentier caillouteux et... enneigé ! L'hiver est encore bien présent.

Malgré la neige, nous sommes récompensés par une vue magnifique sur la lagune aux couleurs turquoises. Le pic étant trop enneigé et n'étant pas suffisamment équipé, nous n'allons pas jusqu'au sommet et descendons en quelques glissades contrôlées (quel dommage de ne pas avoir nos pelles à fesses ! ).

 

Le parc National Tierra Del Fuego

 

Il faut une première à tout : avant de prendre définitivement la route vers le Nord, nous enfourchons nos vélos pour le Parc National Tierra Del Fuego où nous y faisons nos premiers tours de roue. Etant encore hors saison, ce parc n'était pas payant.

 

Une belle façon d'aller encore plus à l'Ouest d'Ushuaïa. Nous y passons 2 jours avec une météo clémente même si nous renfilons et ne quittons pas nos gants, tours de cou et vestes coupe vent. La piste pour s'y rendre est poussiéreuse mais le paysage compense largement ce que nous mangeons en poussière. Nous avançons dans une vallée où coule une rivière et où pâturent des chevaux... Une bien jolie première façon de découvrir ce coin du monde. Cette piste (la Ruta 3) est la route de la Fin du Monde, la plus austral. Elle s'arrête au début d'une petite ballade qui permet d'admirer la lagune de ponts de bois. Ces paysages sont tellement différents de ceux de l'Australie ! 

 

Nous profitons des campings gratuits du parc pour y passer la nuit : un endroit délimité dans un coin du parc sans commodités mais royal pour profiter du paysage montagneux. Nous avons la chance (ou pas ?) d'avoir la visite pendant la nuit d'un petit renard gris. Ce qui fera sortir Olivier de son sac de couchage en vitesse et lui faire un sprint à la poursuite du renard qui avait déjà attrapé ma gourde. Au matin, nous nous rendrons compte que ce gentil renard avait fait un petit trou dans la toile de notre tente (réparé en 2 temps 3 mouvements avec du scotch spécial prévu à cet effet) : un souvenir de la faune local !

 

Le lendemain nous randonnons sur la "Hito XXIV", la seule randonnée ouverte en cette saison. Nous retrouvons boue et rivière au milieu du sentier et longeons la lagune en remontant le sentier jusqu'à la frontière chilienne délimitée seulement par un poteau ! 

 

Au retour à Ushuaïa nous retrouvons notre studio trouvé sur AirBnb (à un prix défiant toute concurrence avec les auberges de jeunesse), prenons une bonne douche , cuisinons au four et nous préparons à prendre la route pour ... LE NORD !

 

La découverte de la Terre de Feu

D'Ushuaïa à Porvenir, de l'Argentine au Chili...

 

La sortie d'Ushuaïa jusqu'à Rio Grande nous fait passer par un petit col de montagne où la neige est encore présente sur le bas côté et dans les champs.

 

Pour la suite, c'était tel que l'on pouvait se l'imaginer : des étendues de plaines arides où rien n'arrête le vent quand il souffle, pas d'arbres, des moutons, des guanacos (sortes de lamas), quelques vaches, de la piste poussiéreuse. Plusieurs saisons dans une même journée : du vent, du soleil, de la pluie, de la grêle (ça fait sacrément mal à vélo!!) ... Nous évitons cependant la neige. 

Et des quantités de voitures, 4x4, camions... nous faisant des signes d'encouragements !


 

Nous avons eu 2 demi journées et 1 journée complète de fort vent de face / côté. Nos derniers mois de pédalage nous ont certainement aidé par rapport à la plupart des cyclos roulant dans le même sens que nous et commençant leur voyage à Ushuaïa, beaucoup d'entre eux font du stop. Notre degré  de tolérance a dû sacrément se relever mais surtout nous avons gagné en patience : on appuie sur les pédales, on sert les dents, on se relaie en 1ère ligne et on se dit qu'une moyenne de 8-9 km/h ce n'est pas si mal (pour comparer sur un même terrain sans vent on ferait du 17-18 km/h). (bon ça c'était avant d'avoir connu le VRAI vent Patagonien !! voir suite aux prochains épisodes)

 

Et si on vous dit qu'en 8 nuits depuis notre départ d'Ushuaïa nous n'avons posé la tente qu'une seule fois (avant de prendre le ferry derrière une salle des fêtes où un chat noir et blanc que nous avait nommé Pablo nous a tenu compagnie et fait quelques frayeurs - et légers trous - avec la toile de tente en voulant jouer avec à 23h). Le vent est tellement fort et il y a si peu d'endroit pour s'en abriter! Une cabane d'hôtel abandonnée au bord d'un lac, une boulangerie, un hostel, une salle d'attente à la douane Argentine, et depuis le passage de la frontière chilienne, nous pouvons compter sur des petits refuges avec poêle à bois, table et banc, toilettes sèches, mezzanine et double vitrage ! On fait donc des provisions de bois en route : un luxe et une soirée garantie au chaud !

 

 // A Rio Grande (en Argentine), nous espérons trouver un magasin de vélo pour le vélo d'Olivier et son moyeu dont le corps de roue libre est à changer. Impossible de trouver cette pièce à Melbourne... plus exactement le délai de livraison ne collait pas avec notre sortie du territoire. Nous espérions pourvoir nous faire envoyer la pièce à Ushuaïa mais vu les délais de livraison, nous avons oublié cette idée. Il restait donc les magasin locaux au Chili ou en Argentine. C'est donc sans grande conviction que nous avons visité tous les magasins de vélo, sans succès, à Ushuaïa. A Rio Grande, nous recroisons les doigts... et trouvons (enfin !!) un corps de roue libre d'un moyeu différent des nôtres mais compatible ! Un bonheur et une belle épine enlevée de nos têtes ! En back up conseils techniques, nous avons pu compter sur notre vélociste de Toulouse (Toulouse Bikes - et son mécano : notre chouchou Bastien ) pour leurs conseils à distance ! //

 

La 1ère journée en terre chilienne (journée complète avec vent : 7h pour faire 57km) est monotone en paysage, tant pis, il faut que l'on appuie sur les pédales. Les jours d'après s'agrémentent de paysages légèrement vallonnés où des estancia (fermes) se dressent au milieu de ce paysage désertique, d'une visite au "parque Pinguino Rey" où l'on admire des manchots royals, seule colonie d'Amérique du Sud. Nous reprenons ensuite la route qui longe la côte jusqu'à Porvenir que nous trouvons magnifique, l'absence de vent, le ciel bleu / gris, les cabanes de pêcheurs aidant sûrement !

 

Arrivés à Punta Arenas, nous trouvons une auberge sympa où le patron Eduardo nous prend au mot de nous parler qu'en Espagnol et de nous apprendre du vocabulaire... Nous y restons 3 nuits et dévorons les petits déjeuners compris avec la chambre ou squattons la cuisine et profitons de la vieille cuisinière à gaz pour des bananas breads, cakes aux légumes et crêpes... histoire de changer du régime pâtes / riz / semoule, menu cyclo...

 

Et puis l'heure est venue de reprendre les vélos pour Puerto Natalès à 250km avec des prévisions météo où le vent semble capricieux voir ... pénible... 


Pour en voir plus c'est par là...


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Commentaires: 5
  • #1

    Coco (dimanche, 10 novembre 2019 13:57)

    Encore de merveilleuses photos. Et toujours merci de ce partage. J'adore les voyages et celui ci par votre intermédiaire n'a pas de limites. Toujours plus loin, toujours plus haut. J'adore tout simplement. Merci merci et encore merci. Bisous à vous deux

  • #2

    Moutaud (dimanche, 10 novembre 2019 18:57)

    Je ne sais que vous dire. Si ce n'est que ce que vous êtes exceptionnels tous les 2 . Si économiquement vous rentrez en ayant soulagé vos comptes bancaire s de quelques milliers d'euros, vous rentrerez riches de milliers de choses qui valent plus chère que nos civilisations de chiottes.

  • #3

    Amandine (dimanche, 10 novembre 2019 20:06)

    Encore une nouvelle terre a découvrir ! J'adore les anecdotes avec les animaux : le renard gris, le chat. Ça doit vous changer de ne pas bivouaquer tous les soirs, surtout vu la météo ! Hâte de voir la suite.

  • #4

    Fabienne (lundi, 11 novembre 2019 12:46)

    Bravo pour votre périple. Bon courage pour le vent !

  • #5

    Bruno (samedi, 30 novembre 2019 12:48)

    Quelle aventure !