Nouvelle-Zélande, Île du Nord : des amis et un campervan

C’était la 1^ère fois que nous ressentions ça à l’approche d’un voyage : vous savez, ce léger creux à l’estomac, cette vague inquiétude, un peu diffuse…D’habitude, elle est plutôt liée à la pression de la dernière semaine au boulot, à la nécessité impérieuse de tout « boucler » avant de partir en vacances l’esprit léger. Mais cette fois-ci c’était différent, et d’autant plus inexplicable que c’était la perspective même de partir qui suscitait ce sentiment.

Certes, pour ce voyage en Nouvelle-Zélande, partir « à l’autre bout du monde » était plus qu’une formule, c’était une réalité : 22h30 de voyage en avion, 2 escales, 10 heures de décalage horaire, un changement d’hémisphère, une inversion des saisons…était-ce là les raisons de ce sentiment étrange ? Peut-être d’avantage ce qui nous attendait là-bas : l’émotion de retrouver ceux que nous avions laissés, un an et demi plus tôt, les joues mouillées par les larmes et la bruine d’un jour (plutôt tristounet) de février, l’appréhension aussi sans doute, de les trouver différents, changés, endurcis par les intempéries, les reliefs, les montées, le confort et la nourriture sommaires, par une certaine forme de solitude aussi ; mais certainement enrichis de leurs rencontres, de leurs découvertes, du dépassement de soi, de leurs fameux et multiples « jolis détours ». Allions nous retrouver Emeline et Olivier tels que nous les avions connus, avant qu’ils ne deviennent les Rayons-Mix ?

Une attente fébrile dans une auberge de jeunesse d’Auckland, le temps que les Rayons-Mix, fidèles de leur petite reine, nous rejoignent depuis l’aéroport. Nous sommes arrivés depuis 2 jours, mais ce soir, le voyage commence vraiment. La première blague homophobe de Mix ne tarde pas à fuser….accueillie par le regard mi désolé, mi bienveillant d’Olivier…Nous sommes rassurés : nous les avons bel et bien retrouvés.

La première étape est de récupérer le 5^ème larron, celui qui deviendra le véritable héro de notre périple : nous avons nommé Apollo. Avec ses plus de 5m d’envergure, et sa taille de 3m de haut, il dépasse même Olivier. Sa stature nous impressionne d’abord, nous rassure très vite. Le temps d’apprendre à le cerner, à le manier, et il s’impose de suite comme notre plus grand allié : il sera, de l’île du Nord à l’île du Sud, d’Auckland à Christchurch, le gardien de notre route, de nos détours, de nos repas, de nos nuits, bref de notre quotidien.

Les vélos des Rayons-Mix chargés dans l’Apollo, nous filons direction sud-est pour rejoindre la péninsule de Coromandel : avec ses plages de sable doré, et ses collines verdoyantes, nous sommes d’entrée de jeu dans l’ambiance de la Nouvelle-Zélande. Nous sommes fin Avril, et de l’autre côté de la terre l’automne est déjà bien avancé : il y a un parfum d’hors-saison à serpenter tranquillement sur ces route côtières, à frissonner légèrement sur les plages qui quelques mois ou quelques semaines auparavant, devaient être assaillies par les vacanciers de l’été austral. Premiers couchés de soleil dans un camping avec vue (à couper le souffle), première rencontre avec la culture maorie (le propriétaire),  première douche (froide !), premières nuits avec Apollo.

Séduits par ces premières découvertes, nous sommes tentés de nous attarder sur cette côte encore ensoleillée. Mais la réalité des distances, confrontée à celle de notre calendrier (nous devons être dans 15 jours à Christchurch, à près de 1000km de là), nous rattrape… « on the road again »…

Plus à l’intérieur des terres nous filons vers le Sud, et le cœur montagneux de l’île du Nord. Chemin faisant nous avons l’intuition que c’est là-bas que nous attendent certains des paysages que nous sommes venus chercher ; la route, comme ce sera le cas durant tout notre séjour, fait partie intégrante du voyage, du spectacle que la Nouvelle-Zélande peut offrir en paysages et en couleurs, un « teaser » avant chaque nouvelle étape.

A Rotorua, les geysers, les sources d’eau chaude, les lacs, les chaudrons thermiques aux liquides fluorescents : vert, bleu, rouge, jaune, nous font prendre conscience d’une activité sous-terraine intense sur l’archipel. Notre première (et unique, ouf !) journée sous la pluie, nous rappelle également que l’automne est bien là… Le temps de fêter l’anniversaire de Jéjé : pancakes de Mix au petit déjeuner, risotto d’Olivier au dîner, bon pour un massage de Mix en cadeau…. « on the road again »…

Toujours vers le sud, nous grimpons sur les contreforts du parc national du Tongariro. Le lac de Taupo nous offre une étape, un peu plus longue que prévue, avant le « clou du spectacle » : le fameux « alpine crossing », qui promet, au prix d’une randonnée en montagne de 19km, la découverte de paysages époustouflants. Dans l’attente d’une météo favorable, nous en profitons pour prendre (nous aussi !) les vélos : ballade en VTT (vu le mal aux fesses après seulement une journée, nous n’osons pas imaginer l’état de celles des Rayons-Mix….), cueillette des châtaignes, randonnées autour de cascades, la nature néo-zélandaise nous dévoile peu à peu tous ses charmes.

Le Tongariro tiendra toutes ses promesses… Après une nuit courte (et glacée) au pied du sublime volcan, nous partons à son assaut. Montagnes, volcan, coulées de lave, plaine de sables, lacs multicolores, et vues imprenables à 360° du début à la fin… cette randonnée sera sans aucun doute la plus belle que nous ayons jamais faite ! Quelques photos valent plus que tous les discours :

Désormais, nous mettons le cap  sur Wellington, capitale politique méridionale située sur l’île du Nord. « On the road again »…

Nous faisons un charmant détour par la ville étonnante de Napier, reconstruite entièrement sur la base d’une architecture art-déco suite à sa destruction par un tremblement de terre en 1931. Pendant que les Rayons-Mix lavent nos caleçons, nous profitons de la ville : on se croirait dans un studio hollywoodien, un vrai décor de cinéma ! Nous renouons grâce à Napier avec les températures d’un été indien, et cette étape nous offrira aussi un de nos plus beaux réveils sur l’île, avec un lever de soleil époustouflant sur l’océan pacifique… L’avantage de voyager avec Apollo c’est de pouvoir choisir le décor dans lequel on veut se réveiller le lendemain !

Mais il est déjà temps de repartir… « On the road again »

La traversée en ferry nous offrira ensuite une pause bienvenue dans l’enchaînement des km de bitume : Mix et Jéjé se livrent à leur rite sacré : celui des cartes postales, pendant que les dauphins nous accompagnent à l’approche des côtes sauvages et magnifiques de l’île du Sud. « On the road again »…  

Près de deux semaines se sont déjà écoulées depuis notre rencontre avec Apollo, et nous voilà sur la dernière ligne droite devant nous mener à Christchurch, ultime étape de notre périple chez les kiwis.

Nos premiers pas sur l’île du Sud seront marqués par une escale à Kaikoura, destination réputée pour l’observation de sa faune marine : baleines, dauphins, phoques et otaries. Le site que nous choisissons pour installer Apollo pour la nuit s’avèrera au petit matin être le meilleur spot d’observation de ses charmants habitants;

Kaikoura sera aussi notre terrain de jeux pour jouer les stars du petit écran et s’exercer à la pratique traditionnelle du Haka. Pour admirer (rigoler ?), nous vous invitons à regarder la vidéo en bas de l'article jusqu'au bout !)

« On the road again »… une dernière fois !

En arrivant à Christchurch, l’ambiance de la ville reflète étrangement celle de notre moral, un peu morose. En effet, Christchurch est une ville en reconstruction comme l’atteste le trou béant défigurant sa cathédrale. Depuis l’important séisme qui a touché la ville en 2011 et le récent attentat de mars 2019, Christchurch panse ses plaies.

De notre côté, c’est ici que nous devrons abandonner Apollo et les Rayons-Mix avant de retourner sur Auckland en avion. 

Cette dernière étape est l’occasion pour nous de nous remémorer tous les souvenirs des deux semaines passées… #vanlife : les pancakes d’Emeline, les risottos d’Olivier, les sandwichs du midi, les bières du soir, les rituels du couchage et du lever, les nuits à 4 les uns sur les autres, le tetris des vélos, la recherche des campings les moins chers (merci CamperMate), l’aide précieuse de Mapsme, les courses au Countdown, les toilettes au confort aléatoire, les douches (quand il y en avait), l’alternance des pilotes (merci Dam et Olivier), la balayette (de jéjé), les tisanes (et les pipis nocturnes), la peur de rayer Apollo, sa concurrence féroce avec les « Jucy », les sursauts de la vaisselle à la faveur des dos d’âne, les heures à se raconter nos vies de l’année écoulée… bref les plaisirs simples des moments partagés ensemble.

« On the road again », enfin juste pour vous les Rayons-Mix, et en vélo bien sûr ! Fini les vacances et le confort du van !

Bonne route à vous, on se voit bientôt finalement …