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Les étoiles du Pamir plein les yeux, le cœur et les jambes...


Ecrit par Emeline

Publié le 10 novembre 2018


Les musulmans ont la Mecque, les chrétiens, Saint Jacques de Compostelle, les bretons les crêpes et le cidre et les cyclos la Pamir Highway...

Le Pamir, on en a rêvé, on l'a imaginé, on l'attendait depuis le début du voyage... Je crois que l'on avait même fait le planning en fonction de lui. Et puis un jour on s'est retrouvé devant lui, devant ses pistes mythiques, ses paysages montagneux et vallées verdoyantes, ses plateaux à 4000m...

 

Il ne nous aura pas déçu, même réservé quelques surprises et fait vivre une aventure comme nous les aimons : enivrante de montagnes, de grands espaces, de vide, de liberté et de rencontres...

 

Mais le Pamir, c'est quoi ? C'est qui ? C'est où ?

Le Pamir est un massif de hautes montagnes, centré sur l'Est du Tadjikistan avec des prolongements en Afghanistan, en Chine et au Kirghizistan.

 

Sur notre papier de voyageurs à vélo et nos cartes routières, le Pamir correspond à ce que nous aimons ..  Et en vrai ? Je vous laisse découvrir !

 

Parce que le choix était trop dur à faire entre toutes ses vallées, nous avons décidé (petite idée soufflé par des copains cyclo en tandem et rencontrés en Iran : la Paire Peinard) de faire une boucle : nous rentrerons donc au Tadjikistan par le Kirghizistan, descendrons jusqu'à Khorog par la vallée de la Bartang (en vert), puis remonterons sur le plateau en direction de Murghab par le corridor du Wakhan (en orange) et la réserve de Zorkul  (qui n'est pas sur la carte malheureusement mais qui est dans le prolongement vers l'Est du Corridor du Wakhan) avant de nous diriger vers la Chine par la Qolma pass (en gris).

La vallée de la Bartang et un (prévisible) détour...

Partis de Sary Tash à 3200m d'altitude le 24 septembre, nous sommes sortis du Kirghizistan le soir même et avons fait tamponner notre visa tadjike le 25 septembre. Entre temps on était où ??? Dans le no man's land entre les 2 pays. Nous y avons passé la nuit. A quelques km de la frontière kirghize abrités du vent par les murs d'une maison en ruine à côté d'une rivière, rivière qui gèlera en partie pendant la nuit.

 

Avant de passer au Tadjikistan nous nous sommes offerts  un 1er col à 4000m : le Kizyl Art à 4282m... notre 1er 4000m à velo. Le froid nous a gentiment accueilli.

Au soleil il fait bon en polaire gants bonnet et gore tex. Mais dès qu'il commence à se cacher, les températures chutent : la plupart du temps, déjà pas loin de 0° à 17h. Alors nous nous posons tôt, mangeons tôt et filons dans nos sacs de couchage bien au chaud, bonnet sur les oreilles en priant pour ne pas avoir envie de faire pipi au milieu de la nuit. Même nos bouteilles d'eau mises dans la tente gèlent la nuit. Le matin nous attendons tranquillement que le soleil réchauffe la tente. 

Vous l'aurez compris, 2 préoccupations pour la nuit : se protéger du vent et trouver un endroit où le soleil viendra nous dire bonjour tôt.

 

Après avoir passé la frontière tadjike à 4200m, nous nous dirigeons vers le plus haut col de la route du Pamir : l'Akbaytal à 4655m par de la piste. On souffle, on fait des pauses mais on arrive à vélo sans pousser ! 1ère victoire! Ce col, oui c'est un détour! Joli ? Même pas : aucune vue. Un détour purement pour l'exploit ("ça,...c'est fait, suivant !")... Prévisible certains diront ?

Le soir, nous posons notre tente à 4500m et nous nous offrons le lendemain matin une randonnée dans la montagne avoisinante pour le pic Akbaital à 5100m mais un peu fatigués par l'altitude nous nous arrêtons à un col à 4900m quand même. La vue est dingue, incroyable... La neige tombée sûrement récemment donne plus de perspectives et reliefs aux paysages.

 

Nous reprenons ensuite nos vélos vers la vallée de la Bartang, une de ses fameuses 3 vallées du Pamir. Nous dormons avant, dans un ancien caravansérail de la route de la soie qui nous offre poussière et surtout abri du vent. (Un caravansérail est un lieu où les caravanes de marchands faisaient halte).

 

La vallée de la Bartang commence le lendemain.

Nous roulons d'abord dans de larges plateaux désertiques entourés de montagnes aux sommets enneigés.

Nous ne roulons pas vite et pourtant nous voyons les paysages changer très rapidement. Chaque virage au creux des montagnes nous amène des nouvelles couleurs, vues, impressions... c'est magique.

La piste n'est pas toujours facile. On pousse de temps en temps dans de la caillasse, un peu de sable... l'altitude ne rend pas la chose évidente ( on est toujours au dessus de 4000m). On ne doit croiser que 2/3 voitures par jour.

Nous perdons doucement de l'altitude et gagnons en degrés et en arbres aux magnifiques couleurs de l'automne. Les bivouacs sont dingues, facile à trouver et avec une vue imprenable à chaque fois.

Une dernière descente et nous arrivons au 1er village au milieu de nulle part. A partir de là nous suivrons la rivière Bartang dans une vallée un peu plus étroite où tous les 20km se trouvent des villages. Ils nous font penser à des villages témoins ou playmobil : pelouses impeccables, maisons carrées et proprettes, enfants qui jouent, ...

Les locaux nous invitent à boire le thé et souvent nous préparent à manger (toujours des choses simples mais efficaces : thé, pain, pommes de terre, ou soupe). On leur laisse toujours quelques petits sous (somonis) ici ils n'ont pas grand chose et le 1er vrai village est bien à 5h de route.

 

La Bartang aura été un vrai coup de cœur malgré quelques petits imprévus .

 

Quoi ? imprévus ?

Oui celui de la casse de notre appareil photo au Kirghizistan. Apparemment ce serait le stabilisateur. Nous avons réussi à le faire réparer à Osh. Retombé en panne 2 jours plus tard sur la route, nous avons fait l'aller retour chez le réparateur pour qu'il ne ne fonctionne plus le soir même. Nous verrons de nouveau en Chine pour une énième réparation. Pour le moment nous faisons donc avec nos téléphones et gopro. Moi qui attendait impatiemment le Pamir et ai souvent l'appareil photo greffé à la main c'est dur. //à date où nous écrivons l'article nous sommes à Pekin et venons d'apprendre que la réparation est impossible... sniff!//

Mais on se dit que ça aurait pu être pire (un vélo cassé par exemple avec impossibilité de rouler dans le Pamir)

 

Et puis plutôt vers la fin de la Bartang, Olivier crève. Rien de bien grave. Une rustine et ça repart. 500m plus loin recrevaison, la rustine n'a pas tenu. Bon on change la chambre à air et ça repart... ? En fait erreur de chambre à air... on en a pris avec des grosses valves comme les voitures... qui ne rentre pas dans nos jantes. Bref. Allez on se dit que ça fait partie de l'aventure. Rustine encore mais la crevaison est mal située. Ça tient quelques km. On teste comme les locaux avec de la glue et un bout de chambre à air. Qui ...ne tiendra pas. Et ça plusieurs fois.

Autant vous dire que notre seul espoir c'est une nouvelle chambre à air sûrement à Khorog... à quasi 100km. On se fait avancer jusqu'à un village en camion. Olivier retente une énième réparation. Qui semble tenir. On reprend la route à velo pour... 5km... pschhhhhh.

On croise des locaux à vélo qui se démènent, vont chercher de la glue retente un nouveau patch. Qui semble tenir. Nous retournons au village passer la nuit. Notre objectif n'est plus de finir la Bartang à vélo mais d'arriver au plus vite à Khorog. Le problème ? il n'y a pas de bus et très peu de voiture. Dans nos mésaventures, nous recroisons Bert, un belge rencontré déjà à Sary Mogol et qui a un 4x4. Notre sauveur. Alors oui c'est possible de caser 2 vélos, 10 sacoches et 2 cyclistes dans un 4x4 déjà plein... il fait même un détour de 70km pour nous amener à Khorog. Solidarité de voyageurs.

 

Arrivés tant bien que mal à Khorog, on essaie de passer le temps en attendant l'arrivée de nos chambres à air, les bonnes celles-ci. Entre bazar, repas à l'auberge avec les copains rencontrés sur place, restau indien, retrouvailles avec Laurent, notre copain cyclo breton avec qui on va rouler, et approvisionnement en vue de la suite du voyage. L'heure du départ sonne assez vite.

 

 

Le corridor du Wakhan

Après avoir réussi à trouver des bonnes chambres à air (plus précisément fait venir de Dushanbé à Khorog) nous enfourchons nos vélos un lundi midi en compagnie de 4 autres cyclos qui eux partent pour la M41 (ancienne route militaire russe qui relie Osh - Kirghizistan à Mazar-e-Sharif - Afghanistan). Nous, de notre côté, avec Laurent et Marcel (son vélo), nous avons choisi pour notre 2ème partie du Pamir, le corridor du Wahkan puis la réserve de Zorkul pour ensuite bifurquer vers la Chine.

 

Le corridor du Wahkan longe la rivière Panj qui sert de frontière avec l'Afghanistan. On roulera ainsi à côté de l'Afghanistan pendant environ 400km. Ces terres semblent si paisibles par rapport à tout ce que l'on entend... la proximité n'est parfois que de quelques mètres et nous permet d'observer la vie afghane... il nous semble revoir la France du début du 20ème siècle dans nos livres d'histoire.

 

La route est une route asphaltée assez correcte, avec de temps en temps des trous, sable, tôles ondulées... assez roulable... mais nous n'avançons pas... et pour cause tout est prétexte à pause et photo : une jolie plage le long de la rivière au soleil pour un thé, un café dans un village accueillant, un petit déjeuner rallongé à cause ou grâce aux kilos de pommes offertes avec lesquelles nous ferons de la compote, un bivouac tôt, juste parce que le lieu est canon, les hellos des enfants, les arrêts magasins biscuits et autres... on ne fait pas beaucoup de km mais on profite à fond de cette partie du Pamir en dehors de la saison touristique.

Nous ne montons que légèrement mais avons déjà l'impression de perdre quelques degrés. La neige sur les sommets avoisinants ne trompent pas, nous nous enfonçons doucement et sûrement dans l'hiver.

 

Le soir nous essayons de nous trouver un abri pour nous protéger du vent avec un toit si possible : ce sera le préau d'une maison vide, une maison en construction, un jardin à bestiau (vide de ses occupants), une bergerie, un camp militaire (oui oui!!)... 

 

Nous croisons encore beaucoup de petits magasins. Impossible d'acheter du pain car tout le monde le fait soit même. Alors nous demandons aux villageois de leur en acheter. La plupart du temps il sera offert.

 

Nous nous offrons aussi des sources d'eau chaude pour 5 somonis soit 50 cts d'€. Cela fait un bien fou surtout quand on pense que ce sera sûrement notre seule douche en... 2 semaines...

Ouais...  je vous mets au défi de prendre une douche à l'extérieur par 5 degrés (au plus chaud)... pas facile.

 

Nous quittons enfin définitivement la route asphaltée pour de la piste pas forcement évidente où nous poussons de temps en temps. Avec des pneus plus larges, Laurent passe un peu mieux.

Nous nous élevons doucement sur le plateau à 4000m et quittons la végétation pour plusieurs jours. Un soir où le froid commence à se faire sentir et où les rayons de soleil ont disparu derrière les montagnes, nous avons la bonne surprise de trouver une cabane avec des lits et un poêle ! Une nuit presque au chaud !(on pense que cette cabane sert d'abri aux déneigeurs l'hiver.)

 

3 cyclos, qui eux redescendent, nous souhaitent bon courage avec le froid. Un couple de franco-espagnol a même eu une vague de froid où ils ont du rebrousser chemin à cause de la neige sur la vallée de la Bartang. De notre côté nous sommes sereins, la neige dans cette zone n'est attendue que vers décembre - janvier. Et puis les locaux nous l'ont dit " Zorkul ? Niet sneg!"( pas de neige en russe ).

 

Nous passons donc le dernier check-point à Khargush ( sur cette zone frontalière il en existe plusieurs pour contrôle des passeports, visas et permis spécial de cette zone ) et entrons enfin dans la réserve de Zorkul. Enfin... depuis le temps que l'on en parlait, rêvait, imaginait... On y est ... 

En terme de paysages, cette réserve est juste dingue et isolée, avec en prime dans le village de sortie... des sources d'eaux chaudes. Une belle récompense qui nous attendra après quasi 10 jours de routes et bivouacs, alors c'est parti !

 

 

La réserve de Zorkul... où quand tout ne se passe comme prévu...

Fidèles à nos bonnes habitudes de dormir sous couvert et abrités du vent, nous avons repéré sur notre GPS des bâtiments qui semblent être des bergeries.

Dont une à 20 km du check point. Parfait pour une 1ère nuit.

 

Après un 1er virage nous changeons radicalement de paysages. Nous continuons à longer la rivière mais dans une gorge peu haute qui nous rappelle la vallée de la Bartang et qui s'élargit rapidement. Nous croisons même un troupeau de yacks.

La bergerie est juste après ce troupeau et est... habitée! Un berger avec sa femme et sa fille de 2 ans. Ils nous regardent arriver avec le froid. Quand nous leur demandons si nous pouvons dormir à l'intérieur, avec un grand sourire ils nous ouvrent la porte et nous propose la 2ème chambre vide. Un luxe pour nous ! Sa femme nous offre du pain.

Ils vivent très simplement : pas d'eau courante (rivière à 500m) comme dans la plupart des villages au Tadjikistan, pas de toilettes (mais une vue imprenable sur la montagne derrière les gros cailloux aux alentours, de quoi vous donner de l'inspiration lors du dépôt de votre oeuvre) les autres villages ont souvent les toilettes au fond du jardin (la fameuse cabane au fond du jardin !!), voir au fond du champ et collectif. Pour le chauffage et la cuisinière, c'est un poêle, non pas à bois mais aux bouses de yacks... mais ils ont un sourire à vous donner chaud au cœur

 

Le lendemain, on leur laisse un petit billet qu'ils refusent d'abord avant de l'accepter, main sur le cœur...

Pendant la nuit, il commence à neiger, nous sommes presque contents! Tellement aventurier!

 

Le lendemain matin il neige encore mais nous savions qu'en faisant le Pamir mi octobre les températures allaient être plus proches de 0 que des 30°C! Alors nous nous préparons chaudement et nous enfourchons nos vélos. Objectif une autre bergerie pour dormir abrités du vent et, du coup, de la neige... Nous arrivons à peu près à rouler sur la neige. Puis elle se met à tomber plus dru et couvre la piste de poudreuse... 5cm puis 10... puis ... impossible de rouler alors nous poussons les vélos. Il fait froid, le vent n'aidant pas à gagner des degrés. Nous imaginons la cabane vue sur le GPS... cabane qui ne sera que des ruines...

 

Nous nous regardons ... il y a bien une autre bergerie mais à une 30aine de km, impossible en poussant les vélos. Faire demi tour ? Nous préférons garder cette solution en dernier. Olivier reprend le GPS et trouve des bâtiments à 2km de la piste principale mais avec une bonne montée. On va tenter... 2 km en 1h30 en poussant les vélos... Jolie moyenne. Nous avons de la poudreuse à mi mollet.

L'arrivée à la bergerie est une joie. Pas de ruines,  nous trouvons des murs, un toit et même une porte. Il est 14h30, affamés nous avalons une assiette d'avoine et nous nous installons dans la bergerie pour se protéger du froid : bâche, couverture de survie et tente. La neige tombe toujours, il fait à peine 0°C dans la cabane. Nous nous enfonçons dans nos sacs de couchage pour une longue attente. Dans nos pensées il nous semble entendre un camion ?? Il s'agit en fait de 5 bergers venus amener des affaires pour équiper la cabane. Ils vont y rester quelques jours ou semaines pour (âmes sensibles s'abstenir ) tuer et dépecer des moutons et yacks dans la pièce en face d'où on est posé. Tout étonnés de nous voir, ils nous proposent de nous installer dans une bergerie avec eux 1km plus loin. Déjà installés on refuse. Ils reviendront demain et nous expliquent que sur la piste plus haut, c'est impossible de passer même en voiture, qu'il y a de la neige jusqu'à mi cuisse. Ils repartent et nous laissent dépités avec pleins de questions...

Que fait on? Demi tour ? Leur demander de nous avancer à une cabane plus proche de notre but et finir en vélo même s'il faut pousser ? Nous avons tous en tête le plateau sur lequel nous sommes à 4000m, isolés et pas forcément équipés pour des grosses chutes de neige alors le cœur gros, la gorge serrée nous prenons la décision de revenir sur nos pas à la bergerie où l'on avait dormi la veille et d'abandonner le parc de Zorkul. La décision fut difficile à prendre car on attendait tous Zorkul avec impatience...

La nuit est glaciale, heureusement nous sommes bien au chaud dans nos sacs de couchage (moins pour Laurent).

Nous retrouvons les bergers le lendemain qui installent un poêle (un bonheur !), nous offrent du pain et du thé.

 

Nous reprenons nos vélos dans l'après midi pour notre 1ère bergerie. Dur de rouler sur la piste enneigée. Un vent fort de face a chassé une partie de la neige sur la piste. Nous alternons entre pousser et rouler avec les vélos. Nous arrivons vers 17h30 avec un bon -8°. Le berger nous ouvre la porte et nous pousse vers le poêle... soupir de soulagement.

Et surprise nous passerons la soirée avec le directeur et rangers du parc... dommage qu'ils ne parlent pas mieux anglais.

 

Le retour à l’entrée du parc est dur car le temps est sublime : ciel bleu, peu de vent (qui se lèvera après le repas de midi en nous faisant passer de 8° à 0° degrés en quelques minutes). Nous espérons que notre décision est la bonne mais on ne le saura vraiment jamais... rebrousser chemin fait aussi partie de l'aventure.

 

Nous prenons le temps avec le soleil et les paysages enneigés : pause thé avec des pommes et brioches offertes par la femme du berger, pauses photos, pause picnic (des nouilles chinoises déshydratées aux pomme de terre... digne d'un festin !)... et reprenons nos vélos une dernière fois dans le parc Zorkul, non sans une certaine pointe d'amertume. Nos derniers km nous ramènent à Kargush (le fameux check point et camp militaire) vers 16h avec des températures quasi négatives. 

Les mêmes militaires que 3 jours plus tôt nous regardent arriver... : "vous avez un endroit pour dormir abrité?" .. 2 coups de talkie walkie plus tard, nous voilà installés dans une petite maison à côté du camp, avec poêle, matelas, local pour les vélos, sourires, pains chauds et boites de sardines... 

Encore un bel exemple de générosité et hospitalité... une bien belle façon de finir le Zorkul.

 

Demain commence une nouvelle aventure : nous reprenons la fameuse M41 avec un 1er col à 4300m.

On the road to China...

La M41 nous projette vers le passage de frontière vers la Chine : c'est le prochain objectif.

 

La vallée entre Khargush et la M41 est sublime. Une jolie récompense à ce demi tour Zorkul. Tout est différent de ce que l'on a déjà vu. Comme au début, chaque virage nous amène de nouveaux paysages : d'un plateau large et découvert, nous roulons vers la M41 dans une vallée plus étroite et très caillouteuse aux couleurs ocres . Le vent est de dos mais fort et glacial.

 

Nous passons facilement le col à 4340m avec 12km de montée sur une piste assez facile. La descente est plus technique : entre restant de plaques de neige, cailloux, sable, graviers et tôle ondulée (le bonheur des cyclistes!). Moi qui adore d'habitude les descente sur les cailloux avec une technique "ça passe ou ça casse" (qui laisse parfois quelques frissons à Olivier qui me suit derrière - sinon je râle "bouge tes fesses Papy"!), je traînasse, et pour cause, J'AI FROID AUX MAINS et ne sens plus rien! Alors une fois n'est pas coutume je me transforme en tortue ! (je dois même râler un peu j'avoue !)

Comme tout cyclos qui se respecte dans le Pamir selon le mythe de "ton vélo et tes équipements seront éprouvés", nous faisons plusieurs arrêts au stand ! Marcel, la monture de Laurent, nous fait une blague : il casse son porte bagage avant. Nous tentons de le réparer sans succès. Nous nous partageons ses affaires et les empilons tous sur nos portes bagages arrières. La réparation attendra le lendemain après une bonne nuit au chaud!

Au bout de quelques km nous apercevons au loin de l'asphalte : la M41 ! Presque un soulagement ! de l'asphalte ! Quel plaisir que de pouvoir rouler tout en regardant le paysage et d'avancer ... vite ! 

 

Les km défilent et nous arrivons à Alichur rime avec chaleur! Nous nous prenons 2 nuits de repos au chaud dans un homestay, dîner et petit déj compris. Le bonheur de ne pas avoir à filer dans les sacs de couchage dès 19h, ou encore d'avoir les doigts et pieds gelés!

Nous aurons même le luxe de prendre une douche...enfin un "banya" : un sauna (oui oui un sauna) avec une douche chaude (enfin une bassine d'eau chaude et une autre d'eau froide : à nous de faire le mélange et de se mette tout ça sur le corps à l'aide d'un petit bol)

 

En une journée nous roulons vers Murghab : 105km mais de la bonne route et un plat descendant nous aident. Nous trouvons un "homestay" chaleureux : 10$ par personne avec dîner et petit déjeuner. La chambre est, comme tout le temps, chauffée par un poêle ... à bouses de yacks.

Murghab signifie aussi la fin de l'aventure avec Laurent. Il repart le jour d'après pour le Kirghizistan et nous pour la Chine. Nous nous faisons une ballade dans le bazar, un dernier restau et nous nous quittons en nous donnons rendez-vous sur les routes du monde ou en France !

 

Nous avons à peu près 3 jours de route vers Tashkorgan, notre 1ère ville chinoise mais avec un col à 4365m (la kulma pass), quelques nuits encore bien fraîches et surtout un passage de frontière chinoise risqué (interdiction de faire rentrer des couteaux - nous en avons 3 -, interdiction de réchaud à essence et essence  - un réchaud +1L d'essence dans nos affaires-...)

 

La route est en partie asphaltée, avec une 30aine de km sur piste mais après le Pamir, on la trouve plus que correcte. Les paysages sont beaux mais nous avons du mal à les apprécier, cette route est une transition, nous sommes presque à la frontière chinoise.

 

Les bivouacs sont très froids, nous sommes juste en dessous des 4000m. Tout gèle la nuit : les gourdes même dans la tente, la crème, mon produit lentille... il nous tarde d'être au chaud et de ne plus avoir à s'enfoncer dans les sacs de couchage dès 18h.

 

Un dernier thé et pain dans une sorte de relais de routier et nous entamons les derniers km tadjiks qui nous feront passer la "kulma pass". 

 

A la frontière nous doublons 1 km de camions (le privilège d'être à vélo dans le froid ...tout le monde est compatissant!), 3 contrôles de passeport côté tadjik, un tampon, un échange de monnaie tadjike en chinoise par un douanier et nous voici face à des yeux bridés. Long processus : un nombre incalculable de contrôles de passeport, nous passons aux rayons X (et pas RayonMix), vidage et contrôle intégral des sacoches, scan de quasi tous nos médicaments, nos vélos sont épargnés et ne passerons pas aux rayons X ( heureusement car on avait caché nos couteaux dans les tiges de selles !), les douaniers réquisitionnent un camion pour nous faire faire les 15 km dans le no man's land... camion qui tombera en panne au milieu et fera attendre les douaniers suivants spécialement pour nous.

Cette frontière est particulière car ouverte aux étrangers que depuis 1 an ! Et vu où elle est située, on ne doit pas être nombreux à passer par là.

Un tampon d' entrée et nous voilà en Chine. Changement de culture radical!

 Surtout dans cette province où l'armée contrôle tout (check point, contrôle des passeports en pleine rue... : la population musulmane, les ouigoures, est... persécutée pourrait-on dire.).

 

Une 1ère contrainte pour nous : interdiction de bivouaquer et obligation d'aller dans des hôtels internationaux ...

Pour notre 1er bivouac on se cache donc.

Il nous tarde d'arriver à Tashkorgan pour dormir au chaud, prendre une longue douche et manger autre chose que du riz au cubor et c'est tout.. 

 

Prochaine étape 4 jours de vélo jusqu'à Kashgar, puis 3 jours de train jusqu'à Pékin ou nous resterons chez Damien, un copain d'Olivier, pour une semaine. Nous en profiterons pour refaire notre garde robe grand froid... nous nous sommes beaucoup posés la question mais c'est décidé ... nous avons envie de tenter le plateau tibétain par le Sichuan et Yunnan malgré la période tardive, avant de prendre un grand bol d'air chaud et en famille en Asie. (Baptiste & Charlotte, Marielle & Eddy, la Darboux's family : merci de mettre dans vos bagages une bouteille de vin, un morceau de fromage et de charcutaille bien de chez nous ! Maman, merci de faire livrer par ce bais des bonbons la Vosgienne et un pot de pâté maison !)

Ah... mes chers compagnons de route...

Le Tadjikistan, avec ses routes et pistes défoncées, ses paysages de dingues et ses rencontres incroyables, ses lieux de bivouacs insolites… aurait été probablement moins riche en émotions et aventures sans mes deux compagnons de route.

 

Mon Rayon (Olivier de son prénom) et Laurent avec Marcel son fidèle poney… euh destrier…

Nous aurons vécu 2 semaines à 3, 24h/24h 7j/7j sans aucun accrochage malgré une proximité … déroutante !

Une bien belle équipe, autant dans de beaux fous rires que dans de l’entraide lors de moments compliqués (j’ai en tête la journée à pousser les vélos dans la neige poudreuse, quand mes 2 compères ont porté une partie de mes affaires en plus des leurs pour soulager le poids de mon vélo... ou quand Laurent a cassé son porte bagage avant... son problème est devenu aussi le notre).

 

Alors j’avais envie de finir cet article avec eux au travers de quelques petites questions :

 

ð  Ton plus beau sourire ?

 

-        Laurent : "Le votre, le premier de la journée (qui n'est pas aisé à obtenir)..."

-        Olivier : "il y en a un à l’Akbaytal Pass dont je ne peux pas encore parler ici et celui-ci restera le plus joli. En attendant, je vais retenir celui d’une petite fille qui nous regardait au-dessus d’un mur. Elle avait le visage assez neutre en nous voyant passer, quand je lui ai crié « Hello !!! », son visage s’est éclairé et elle m’a rendu un magnifique sourire. Un juste retour des choses tant, dans le Pamir, ce sont plutôt les encouragements des locaux qui m’ont donné le sourire."

 

ð  Décris-moi un paysage Pamiri ?

 

-        Laurent : "des grands trucs blancs qui me cachait l'horizon !"

-        Olivier : "un seul ??? dur… diversité, magie, à voir absolument !"

 

ð  Les 3 premiers mots qui te viennent à l’esprit quand je dis « Pamir » ?

 

-        Laurent : " I love you"

-        Olivier : "on revient quand ?"

 

ð  Le bulletin météo de notre séjour ?

 

-        Laurent : "Anecdotique, mais la glaciale nuit en hamac dans le parc Zorkul..."

-        Olivier : "Ah, y a de l'orage !"  private joke, désolé...  et finalement, l'orage est à peu près le seul truc qu'on a pas eu... soleil, vent, qq gouttes de pluie, qq gros cm de neige... 

 

ð  Le menu parfait pour nos bivouacs ?

-        Laurent : "le classico del Madrido, riz sarrasin!"

-        Olivier : "riz, oignons et … une poignée de sarrasin quand même ???"

 

Nous avons rencontré Laurent en bas de la montée finale du Nemrut Dagi en Turquie, recroisé et arpenté les ambassades et consulats avec lui à Téhéran, roulé un peu avec lui dans le Sud de l’Iran, Il a fait un détour en Ouzbékistan pour manger un burger avec nous (plus pour le burger que pour nous ??), il nous a attendu à Khorog pour découvrir le Pamir ensemble… et j’ai l’impression que ce n’est pas la dernière fois qu’on a affaire à lui…

Alors je lui laisse le mot de la fin, pas de la fin en général, mais juste la fin de notre aventure en terre Pamiri…

 

"

Y'a certains noms qui font rêver. Pamir en fait parti...

Y'a beaucoup de relations humaines éphémères et superficielles en voyage, mais certaines le sont moins...

A faire des étapes de parfois à peine 20 km, traverser le Pamir avec Olivier & Emeline a été plus que pas-express!

Ça a parfois été dur, épuisant et glacial, mais toujours mémorable !

Le Pamir est magnifique.

"

 

Laurent, l'Orient-pas-express



Sur les routes du Pamir : de l'AikBaital Pass à la Bartang vallée :

Sur les routes du Pamir : le corridor du Wakhan et la réserve de Zorkul :


Si vous voulez en voir plus, c'est par ici !!!



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Commentaires: 1
  • #1

    Amandine (samedi, 10 novembre 2018 21:38)

    Whouah ! Vous êtes des vrais aventuriers ! Avec tous vos 4000 a vélo, j'ai l'air d'une mamie avec mon Mont Blanc ! Les paysages sont a couper le souffle ! Je met Pamir sur ma to do List tout de suite !
    Vous faite en pré et toujours de Belles rencontres que ce soit avec les locaux ou avec d'autres aventuriers ! Continuez à nous faire rêver ! J'ai hâte de voir les plateaux tibétains !

    Bises �