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Australie : du désert au vert. La Mawson trail.


Ecrit par  Emeline

Du 14 septembre au 2 octobre 2019


Après la "Oodnadatta track" et ses 600km dans le désert nous nous dirigeons vers la "Mawson trail". Une "vraie" cycle trail de 900 km quasiment tout en piste de Blinman à Adélaïde. 

 Un peu lassés des paysages désertiques et du bush que nous rencontrons depuis Darwin, nous espérons y voir un peu plus de vert !

La Parachilna Gorge

 

Parachilna est une petite ville qui ne comporte qu'un hôtel, un pub et un camping. (Et sûrement beaucoup de maisons aux alentours ?). Mais suffisant pour ce dont nous avons besoin : remplir nos gourdes et vaches à eau.

 

Nous empruntons la "Parachilna Gorge" qui nous mènera à Blinman, porte d'entrée du parc national "Flinders Ranges" et début de la Mawson trail.

 

Nous quittons l'asphalte et retrouvons de la piste poussiéreuse et de la tôle ondulée... cela ne nous avait pourtant pas manqué!

Et surtout... Mais surtout ... et ça c'est important, nous retrouvons des arbres, des tas d'arbres ensemble, un peu de vert, encore discret, au sol, et des troupeaux de moutons... 

 

En l'espace de quelques km nous avons l'impression de changer de pays, nous passons du désert aux prémices de montagnes.

 

Il est déjà l'heure de chercher un endroit où poser notre tente. C'est vendredi, veille de week-end et beaucoup d'australiens (dont le sport favori semble être le camping avec feu de camp) ont déjà élu domicile le long de cette gorge.

Nous trouvons un endroit en contrebas de la piste avec un terrain déjà dégagé des pierres qui sont rassemblées sur le côté en assise. Parfait!

 

Une douche rapide (qui tient plutôt de la toilette de chat, d'ailleurs en anglais l'expression est "bird bath" = bain d'oiseau), et un repas sur nos pierres avec une jolie pleine lune pour finir notre "journée transition" entre désert et pré montagne,... et pré verdure !

 

 

Le lendemain après une belle montée (bien loin de celles du Pamir mais toujours plus que les plats montants de la Stuart highway) au creux de la Parachilna Gorge, nous arrivons à Blinman, début de la Mawson trail.

 

Cette ville est une ville miniature : un café qui fait boulangerie et épicerie, un « pub/hôtel/camping », des toilettes publiques, un office de tourisme plus habilité à vendre des tickets pour visiter la mine qu'à renseigner des gentils cyclos :

 

Elle : "Je ne vous conseille pas de prendre ce trail, c'est inconscient et dangereux, Il n'y a pas d'eau, pas de nourriture, pas d'hébergement sur ce trail dans le parc"

Nous : " oui bon, on respire, on se détend, on a fait la Oodnadatta track donc 3 fois 200km dans ces conditions alors ce ne sont pas les 60km dans votre parc qui nous font peur "

Elle, bornée et appuyée par une petite mamie à qui on n'avait rien demandé : "je ne vous le conseille pas "

Nous : "merci on va y réfléchir... [Il est où le début du trail ?]"

 

Nous nous chargeons donc en eau et partons à la découverte de cette piste au milieu des Flinders Ranges.

 

Les Flinders Ranges

 

 La chaîne des Flinders est à la fois la plus longue chaîne de montagne d’Australie et un parc national.

 

 

 

 

Dès la sortie de Blinman nous suivons les petits panneaux de la Mawson trail. Pratique, il y en a tous les km et à chaque intersection.

 

Nous entrons dans le parc par une piste forestière privée mais autorisée seulement pour les vélos et marcheurs. Ce qui signifie que nous allons pouvoir profiter des paysages sans voiture ! Le pied.

 

Les paysages sont tellement différents, nous roulons au milieu de forêts de pins et des montagnes. Nous retrouvons enfin des courbes, des dénivelés, des bruits d'animaux, des oiseaux, des fleurs, des arbres, des odeurs de printemps... J'ai presque l'impression de me réveiller d'un long sommeil ... de me ressentir vivante, de pouvoir de nouveau respirer... Bref c'est le bonheur.

 

La piste est relativement bien roulante : pas de tôles ondulées, ni de grandes étendues de sable. La difficulté demeure dans la traversée de lits de rivières asséchées. Pour cela un peu de sable et de caillasse dans le fond et surtout une belle descente et une bonne montée. Les montées sont courtes mais très pentues. On appuie sur les pédales et parfois devons mettre pied à terre. Il faut dire que nous sommes chargés en eau et en nourriture !

 

Pour la 1ère nuit dans le parc nous avons repéré une cabane accessible uniquement par un chemin de randonnée. Nous y arrivons assez tôt et avons le temps de profiter de la fin d'après-midi. Cette cabane est simple : 2 lits superposés et surtout un tank avec de l'eau ! Au coucher du soleil nous admirons et observons les kangourous... à ça de près nous aurions pu nous croire dans nos Pyrénées !

 

Le lendemain, nous nous régalons encore des paysages dans lequel nous roulons : arbres, montagnes, fleurs... C'est un soulagement après ces étendues de terre et de sable avec seulement quelques arbustes ces dernières semaines!

 

 

Un peu avant d'arriver à Wilpena, le point d'entrée au sud du parc, nous croisons un couple randonnant pour plusieurs semaines sur la Heysen trail, même principe que pour la Mawson trail, mais à pied. Je suis impressionnée par le poids de leur sac à dos, une 30aine de kg quasiment le même poids que mes sacoches + eau + nourritures... sauf que moi c'est mon vélo qui porte tout ça!

 

A Wilpena, nous faisons de nouveau le plein en eau, nous craquons sur une glace et payons les droits d'entrée du parc (en entrant du côté de Blinman la seule solution était de payer sur Internet). Le prix d'entrée est par voiture ... "2 vélos ça vaut 1 voiture c'est ça?".

 

Nous n'hésitons même pas à dormir au camping du parc (et même la douche chaude!) mais dormir au milieu des 4x4 et tentes XXL, se faire réveiller le matin par des moteurs et bruits de portières, on a donné, dès qu'on peut éviter on passe notre tour.

 

Nous faisons donc juste une grosse 10aine de km pour planter notre tente devant l'entrée du parc dans un bosquet d'arbres, à côté d'un champ (pensée pour ma copine Alice) et face aux montagnes!

 

Même si nous sommes sortis du parc qui porte le nom de cette chaîne de montagne, nous continuons à suivre les "Flinders".

 

Les kangourous sont toujours là. Olivier est passé expert en repérage de kangourous. En tant qu'ancien coach de saut en longueur et triple saut il essaie d'étudier leurs bonds.

" Cherche pas Olivier, ils sautent plus loin que toi, remonte sur ton vélo et pédale !"

 

Les paysages sont toujours aussi vallonnés, nous sommes redescendu de quelques centaines de mètres ou bien la météo est peut être meilleure mais il fait beaucoup plus chaud, ce qui nous vaut, quand il y a peu de vent, quantité de mouches quand nous nous arrêtons. Simplement agaçant quand nous pique-niquons le midi !

 

Et puis, après quelques jours de pédalage, au détour d'un virage, je stoppe mon vélo, et m'arrête surprise face à... un champ de blé, un énorme champ de blé vert !!!

 

Port du casque obligatoire en Australie.

 

Le port du casque est ici obligatoire sous peine d'amende. Une bonne chose quand on voit les énormes 4x4 et camions qui nous doublent. Une bonne chose aussi vu que l'on privilégie les pistes.

Depuis le début du voyage nous avons pris l'habitude de les porter. C'est même devenu un réflexe. Et les rares fois où on ne les avait pas mis, on s'est senti un peu comme nus ! Mais je ne m'imaginais pas qu'un jour mon casque ne sauverait d'un... coup d'aile d'oiseaux !

 

Ici c'est le printemps et nous roulons régulièrement sur des routes bordées d'eucalyptus où des oiseaux y ont fait leurs nids (une sorte de pie format XXL). Elles / ils veulent donc protéger leur nid. Alors à l'approche de 2 personnes à vélo et à allure plus modérée que les fameux 4x4 et camions, c'est panique à bord du nid. Les oiseaux tentent de nous chasser en nous volant autour et en plongeant sur nous en faisant claquer leurs ailes. En général ça reste à distance raisonnable.

 

Jusqu'à :

Moi : "Oh p*** celle-là elle s'approche plus"

L'oiseau : POK 

"P*** la C*** elle a donné un coup d'aile à mon casque "

...

"P*** mais elle revient" j'esquive de peu le 2ème coup d'aile en baissant la tête.

 

A Olivier qui sourit "mais arrête je ne rigole pas ça me fait flipper ça"

 

Olivier, sauveur des cyclistes en détresse face aux redoutables pies : "Allez, passe devant"... Mais le danger (ou l'oiseau) était passé.

Retour au vert, à la pluie ... et à la boue !

 

L'arrivée dans le village de Qorn rime avec repos et repos forcé pour cause ... de pluie ! Nous n'y croyons pas quand les autres campeurs nous disent que le lendemain il va pleuvoir !

 

Mais au petit déjeuner le lendemain matin le vent souffle déjà très fort (de face !!) et le ciel gris laisse présager de belles averses. On se regarde "ça fait longtemps que nous n'avons pas pris de journées de repos ?". Ce sera donc repos avec une belle après-midi averse. On apprécie d'être vautrés dans le canapé du salon du camping avec un film, un thé et un paquet de biscuit !

 

Le lendemain nous remontons sur nos vélos toujours en suivant la Mawson trail qui nous fait découvrir des chemins au milieu des champs.

Nous sommes toujours aussi impressionnés par ces couleurs vertes ! Ici tout est cultivé : champs de blé, colza, luzerne... Que cela fait du bien de revoir de la végétation dans des tons autres que rouges / jaunes / oranges. Nous apercevons aussi des troupeaux de vaches et moutons avec une particularité australienne au milieu : des kangourous !

 

Nous avons aussi radicalement changé de météo : le ciel est nuageux et gris, quelques averses dans la journée. Nos vestes gore tex et pantalons ont repris du service.

 

Ce qui nous vaut découvrir de jolis chemins de... boue. Nous devrons même rebrousser chemin sur l'un d'entre eux. La boue colle de partout et s'agglutine sur nos fourches, bloquant nos roues, impossible d'avancer !

 

Au moins nous apprécions le paysage avec quelques arcs en ciel!

 

 

Les bivouacs sont plus durs à trouver, tout est clôturé. Un soir après avoir galéré sur un chemin boueux alors que la nuit tombe en même temps que des gouttes de pluie et étant encore loin du village, nous passons au-dessus d'un grillage pour installer la tente dans un bosquet d'arbres (M. le fermier vous nous pardonnerez?).

 

Nous nous posons aussi en bord de chemin contre des clôtures, chemin heureusement pas fréquenté et avons la chance un soir de trouver une ancienne gare de chemin de fer transformée en cabane pour randonneurs et cyclistes.

 


 

Et puis progressivement les céréales laissent la place aux vignobles !

Clare valley et Barossa valley : à nous les vignobles!

 

Passés du désert (Stuart highway) à la montagne (Flinders Ranges) aux champs verts puis aux vignobles... 

 

Arrivés au camping de Clare, nous prenons notre douche et faisons notre lessive hebdomadaire ! Nous y rencontrons Ben et Dany, deux copains australiens qui visitent pendant 3 mois leur propre pays ! On refera le monde le soir autour d'un verre de vin !

 

Le lendemain nous essayons de résoudre un léger petit… problème. Nous nous sommes rendu compte que nos supports de fourche où nous fixons nos petits sacs sont fendus. Il ne nous reste plus qu'à trouver un soudeur aluminium. Heureusement nous ne sommes pas au fin fond de la Patagonie ! Une entreprise accepte de nous resouder et renforcer nos 4 supports. Ouf! Nous repartons en fin d'après-midi en essayant d'alléger le poids à l'avant.

 

Nous quittons la Mawson qui continue vers Adélaïde et choisissons des pistes cyclables qui serpentent au milieu des vignes.

Nous en profitons pour faire 2 dégustations et se faire plaisir avec une bouteille de vin. La petite dame qui nous vend la bouteille nous propose même de venir poser notre tente dans son jardin (un immense parc d'arbres avec kangourous !).

 

 

Et puis progressivement les céréales reprennent leur place sur les vignes...

 

Melbourne se rapproche doucement mais nous avons encore les Grampians et la Great Ocean Road à découvrir et à admirer ...


Pour en voir plus, c'est par là :


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Commentaires: 1
  • #1

    Amandine (jeudi, 03 octobre 2019 13:55)

    MDR La pie ! Je ne m'en remet pas !