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La découverte du Nord-Ouest de l'Argentine : la Catamarca à vélo


Ecrit par Emeline

Du 6 mars  au 21 Mars 2020


[J'écris ces lignes alors que nous avons été rapatriés en France suite au Covid 19. C'est avec émotions que du lieu de notre confinement / déconfinement, j'ouvre mon carnet de route, je relis ces lignes, regarde les photos et me remémore ces km, les derniers enivrants de liberté et de grands espaces...]

 

La Région de la Catamarca est une province du Nord Ouest de l'Argentine. Elle est voisine avec le Chili à l'Ouest. Cette région est discrète car plus difficile d'accès que sa voisine Salta. Ce serait l'une des moins développées de l'Argentine. 

 

Belen, Antofatasga de la Sierra, El Penon, Salar del Hombre Muerto, Salar de Pocitos, Tolar Grande... autant de noms qui se conjuguent avec aventure. Autant de grands espaces, de bivouacs sauvages et inoubliables, de paysages désertiques entre salars, volcans, étendues vierges, plateaux d'altitude, cols à plus de 4000m, troupeaux de vicunas, lamas,... Autant de bonheur du haut de nos selles !

De Tinogasta à Belen, par l'ancienne "RUta 40"

 

3 jours de repos dans un camping à Tinogasta, entre la piscine et les menus du jour de la Rotisseria, puis nous reprenons la route sous la chaleur en direction de Belen.

 

Nous optons pour un raccourci, une fois n'est pas coutume, qui nous fait gagner gros en km, mais éviter la route principale et emprunter l'ancienne "ruta 40" qui n'est aujourd'hui plus entretenue et seulement accessible aux vélos, quads et chevaux. Tranquillité en perspective ! Les 1ers km ne sont pas glamours : nous avons l'impression de circuler dans une ancienne décharge à ciel ouvert avec du plastique et carcasses sur les bas côtés. Nous croisons quelques tracteurs mais rapidement la route devient plus étroite et croise des lits de rivières asséchés et sablonneux nous obligeant à pousser nos vélos sur quelques mètres. La chaleur est écrasante, nous profitons d'un arbre et de son ombre pour manger à midi et repartons pour la suite de la piste tout en montée. Le paysage s'assèche, la piste se dégrade, les 1ers cactus apparaissent et nous suivent toute la montée.

Après, une montée en ligne droite, l'ancienne ruta 40 nous envoie dans des lacets bordés d'un côté par un mur de falaise en pierre et de l'autre du vide. Nous devinons aisément l'absence d'entretien de cette route : quelques parties effondrées, d'autres envahies par des cailloux et des parties de roches, ... impossible de passer en 4 roues, même motrices ! Tant mieux pour nous ! Nous arrivons à grimper sans pousser ! 30 km de montée en 3h, vu la piste c'est honorable. Il nous reste 30 km de descente... que nous espérons avaler assez vite, surtout vu l'état de nos gourdes :  à moitié vides !

Autant la qualité de la piste en montée était correcte ou du moins roulable, autant en descente, ce n'est pas la même histoire... 30km en ... 4h, cherchez l'erreur. Les pierres inondent la piste nous obligeant même à pousser les vélos dans la descente ! Nous apercevons des fermes en ruines, vestiges d'un ancien temps. A l'allure à laquelle nous avançons, nous avons le temps de profiter du paysage, et de voir nos gourdes se vider sans aucun point d'eau . Nous commençons à faire attention en buvant. Et c'est évidemment lorsque nous savons que nous n'avons plus beaucoup d'eau que la soif est plus grande. 

 

L’après-midi avance vite, nous beaucoup moins, les km non plus. Nous nous donnons une heure max à partir de laquelle nous commencerons à chercher un bivouac, avec un minimum d'eau pour manger ce soir. Et dans ce cas, adieu la douche ! Et vu l'état de saleté de nos jambes (3cm de poussière sur la route, au moins !!) j'ai du mal à imaginer un bivouac ici sans eau. Alors nous redoublons d'efforts en alternant les parties de descente sur les vélos et en poussant dans la caillasse, et des belles petites montées (l'arnaque, le profil de la piste était censé être en descente !) dans des paysages désertiques à la végétation de cactus puis dans des paysages d'alpage avec de la végétation verte (herbes et arbres nous rappelant nos montagnes françaises. Le contraste est saisissant !)

Un peu avant la tombée de la nuit, il nous semble entendre des vaches... ce qui voudrait dire ... ferme! Bingo, nous apercevons au loin des bâtiments habités. Nous croisons la fermière sur qui nous nous jetons presque pour avoir de l'eau, vu nos mines déconfites et nos jambes pleines de poussières, elle esquisse un sourire et nous offre 5L d'eau ! Un bonheur, ou quand le voyage vous fait apprécier beaucoup pour si peu !

 

Nous roulons encore quelques km avant de poser notre tente au bout d'un petit sentier et faisons connaissance avec nos voisines : des vaches ! Nous finissons la soirée à la lueur de nos frontales et nous tombons dans les bras de Morphée en un temps record ! 

 


 

Un peu avant Belen, dans le village de Londres, nous allons visiter un site Inca. Il serait aussi grand que le Macchu Picchu nous avait dit la proprio du camping à Tinogasta. Soit, le site n'est pas du tout aussi préservé et reconstruit que son cousin péruvien et nous avons du mal, malgré les explications, à imaginer à quoi ça devait ressembler. Dommage...

 

A Belen, après une glace au Grido (chaîne de glace locale avec des prix défiant toute concurrence : un conseil si vous vous trouvez en Argentine essayez le "chocolate con mani crunch", surement mon préféré!), nous essayons de trouver un magasin pour acheter de nouvelles chambres à air. Depuis le début de l'Amérique du Sud, nous galérons à trouver des chambres à air 700x40. Echec... il est 15h et donc tous les magasins sont fermés. Tant mieux au final ! Nous finissons au camping municipal à se rafraîchir dans la piscine pour la modique somme de 1,60€ la nuit pour 2 personnes. Pourquoi s'en priver ?

 

 

 

 

Nos chères glaces Grido...

De Belen à Antofagasta de la SIerra

 

Le lendemain nous quittons Belen par la célèbre "Ruta 40" à la fraîche afin d'éviter les grosses chaleurs. A la sortie de la ville nous roulons dans un canyon en direction d'Antofagasta de la Sierra et ses étendues désertiques, où coule un minuscule filet d'eau dans un immense lit de rivière : quel contraste ! Après une pause repas et sieste à San Fernando à l'ombre des arbres de la place publique, nous arrivons au croisement avec El Eje : une station essence, un restau et un minimarket. L'essentiel avant de s'aventurer au plus profond de la région de la Catamarca.

 

Nous poursuivons sur une route asphaltée où nous ne croisons pas beaucoup de voitures. Le décor change déjà, nous sommes surpris en retrouvant de la verdure avec des vignes  remplies de raisins murs (arrêt obligatoire pour en acheter 2 kg !) et des falaises qui nous rappellent la région de la Cappadoce en Turquie. Nous trouvons un endroit où poser notre tente au bout d'une piste abandonnée, à l'abri des buissons épineux qui sont partout ! Alors que nous installons notre bivouac, nous faisons connaissance avec nos voisins de  la soirée : des chevaux... plus curieux que sauvages !

 

La chaleur est écrasante, étouffante, nous décidons comme les nuits précédentes de ne pas monter la toile extérieure de notre tente pour respirer un peu, malgré les nuages noirs stagnant sur les montagnes autour. A peine sommes-nous dans la tente que l'orage éclate et nous oblige à monter la toile en un temps record !

 

Les falaises qui nous font penser à la Turquie.

Du vert et des fleurs, quel contraste dans ce champ de poussière !


Piste abandonnée, buissons épineux inexistants... le bivouac est trouvé pour ce soir !

Chers voisins du soir, bonsoir !!


 

Le lendemain nous retrouvons cactus et piste poussiéreuse dans un écrin de verdure. L'orage de la veille a inondé certaines parties de route mais contrairement à certaines voitures nous passons bien avec nos vélos. 

 

Cactus et...

... et verdure.


 

A Barranca, nous profitons de l'ombre d'un abri bus pour picniquer. Nous demandons de l'eau à l’hôtel restaurant du village et, chose exceptionnelle pour être précisée, on refuse de nous donner de l'eau du robinet et on nous propose de nous vendre des bouteilles d'eau à un prix exorbitant : Business is business ! Tant pis, l'eau de la rivière un peu plus loin fera très bien l'affaire.

 

Quelques km après ce village, le changement de décor est encore saisissant : nous tombons nez à nez avec des dunes de sable !  L'orage commence à gronder au loin. Le ciel est parsemé de nuages noirs et de coin bleu ensoleillé, les rayons de lumière viennent caresser le paysage montagneux. Les éclairs et le tonnerre se rapprochent, alors, à l'écart de la route, nous posons la tente plus tôt que d'habitude, nous nous réfugions à l'abri sur nos matelas et attendons la venue de la pluie, qui se fera plus tard dans la soirée et au milieu de la nuit. Au matin, nous découvrons émerveillés la chaîne de montagnes dont les sommets sont enneigés. J'ai toujours une sentiment d'exaltation face à de tels paysages, et encore plus quand ceux-ci sont à des km des premiers signes de vie. Cet isolement démultiplie tout je trouve : tout semble plus grand, plus haut, plus...plus beau ?

 


 

Nous roulons le lendemain avec des sommets enneigés devant les yeux, entre gouttes de pluie, vent, ciel bleu, nuages menaçants d'orages et troupeaux de vicunas. Alors en fin d’après-midi, quand nous apercevons au loin une bergerie qui nous semblent abandonnée, nous n'hésitons pas beaucoup : et un bivouac abrité, un !

 

 

Le lendemain, nous passons les 20 km entre notre bergerie et le village de El Penon à nous poser cette question : "Campo de Pierra Pomez?". Ce champ de pierres ponces se visite à partir de El Penon, nous hésitons beaucoup à y faire un crochet,... nous vérifions la météo à l'office de tourisme et passons finalement notre route, des orages étant prévus pour l’après-midi. Direction Antofagasta de la Sierra. Une belle descente, un long plat montant, la route est agréable. Le paysage est encore sublime, surréaliste, et tout simplement tellement différent de ce que l'on a déjà vu auparavant ! Quelques champs de lave éparpillés, des volcans, une lagune... et puis d'un coup la ville d'Antofagosta de la Sierra apparaît, comme une ville au milieu du désert : rien autour et d'un coup, nous retrouvons de la vie, des habitations, du vert, des magasins, des voitures. Les maisons sont faites de briques en torchis.

 

Nous nous trouvons un hôtel sympa pour 2 nuits avec une belle cuisine équipée, une douche chaude et wifi! C'est la veille de partir que nous apprendrons qu'en France les écoles ferment à cause du Covid 19. Du fin fond de la Catarmarca, nous nous sentons bien loin de ce virus et de cette agitation qui secoue l'Europe (pour le moment en Amérique du Sud et notamment en Argentine, seuls les touristes arrivant sur le territoire argentin en provenance d'un pays infecté doivent respecter une 14 aine dans un hôtel.)

 

D'Antofagasta de la Sierra au Salar de Pocitos

 

On part tard d'Antofastaga, toujours ces histoires de derniers messages, etc... A la sortie de la ville, Olivier se rend compte qu'il n'a pas pris son tee shirt de nuit, coup dur sentimental, il s'agit du tee shirt offert à son départ par son club d'athlé à Auch. Il pose les sacoches et fait demi tour. Nous prenons vraiment la route vers midi. La route asphaltée, retrouvée bien avant El Penon, a disparu depuis la sortie d'Antofagasta, la piste qui accueille nos 1ers km ce matin n'est pas des plus agréables : de la tôle ondulée, un peu de sable par ci par là. Nous croisons plusieurs 4x4 et bus remplis des travailleurs de la mine. Tous nous font des signes et plusieurs s'arrêtent pour nous proposer de l'eau. Nous comptons nous y arrêter pour demander de l'eau. C'est une des rares solutions pour être ravitaillés en eau avant le village de Salar De Pocitos. 

 

Nous nous élevons doucement en plat montant vers le 1er col que nous prévoyons de passer le lendemain matin. Changement de décor encore : nous perdons les paysages volcaniques pour découvrir des étendues de puna, ces étendues de steppes herbeuses et sèches de haute altitude des Andes. Ici ces steppes sont parsemées de formations rocheuses qui semblent sortir de nulle part. Nous découvrons des ruines de bergeries : ce sont la plupart du temps des pierres ou briques de torchis formant un abri sommaire mais parfait pour s'abriter du vent. Nous poursuivons notre route et nous posons pour la soirée au creux de ces formations rocheuses à l'abri du vent. Pas d'orage ce soir mais des couleurs du coucher de soleil démentes sur les montagnes voisines !

 

 

Au matin, le décor qui nous entoure est toujours aussi féerique, nous déjeunons avec les 1ers rayons de soleil et partons à l'assaut du col à 4450 m, col passé rapidement quelques heures plus tard avec une piste de bonne qualité. Les troupeaux de vicunas nous accompagnent toujours. Nous profitons des ruines d'une ancienne bergerie pour picniquer le midi : tranquillité et sérénité, rien ne vient troubler notre gamelle de riz assaisonné au ... riz ! 

 

L’après-midi, nous prenons quelques coins d'orage avec vent et légères pluies, heureusement que les T° ne sont pas fraîches ! Nous arrivons à rouler en short et sandales ce qui nous évite de mouiller le reste de nos affaires ! les 4x4 et camions de la mine se multiplient à mesure que nous nous en approchons. Il s'agit d'une mine de lithium, c'est sans aucun souci que l'on nous offre de l'eau. Ce site est une ruche de vie dans cet environnement hostile, ça grouille de monde, d'allées venues de camions... Nous ne nous attardons pas et plions rapidement bagages dès que nos gourdes sont remplies. Pour changer, l'orage gronde au loin et nous voulons monter la tente avant les 1ères gouttes ! Rituel du moment : pédaler, manger, se ravitailler en eau, prendre des photos, orage qui gronde, bivouac tôt ! 

 

Nous avons de la chance, le bivouac du soir rime avec vue sur le Salar Hombre Muerto. Moi qui pensait que les seuls salar en Amérique du Sud étaient en Bolivie (Salar de Uyuni par exemple !), grosse erreur ! Le nord de l'Argentine en est rempli, et pour la plupart d'entre eux, ils sont dépourvus de touristes.

 

Nous le traversons le lendemain, il est certes moins grand que son frère d'Uyuni, mais n'ayant pas vu ce dernier, nous nous régalons avec celui de Hombre Muerto. D'une piste bien tassée nous profitons du décor : des cristaux de sel, des flaques d'eau temporaires d'un bleu transparent, du blanc, et au loin les couleurs ocres, jaunes... arides de la puna qui nous attendent. Nous croisons un couple d'argentins de Salta avec qui nous papotons avant de reprendre la route pour des paysages variés jusqu'à un bivouac du soir "sur mars" : du sable compact noir, et aucune végétation, on se croirait à des années lumière de la terre ! Nous sommes aux portes du Salar de Pocitos, salar et village.


Autour de Tolar Grande, ou la course contre la montre au Covid 19...

 

Nous ne souhaitons pas rester dans le village de Salar de Pocitos mais reprendre la route après un café / coca et une connexion wifi pour checker la météo et l'état des lieux vs Covid. Nous nous posons dans le seul restau / bar / hôtel du village qui dispose d'une bonne connexion wifi. E là c'est la douche froide, un retour brutal avec la civilisation... nous apprenons en direct que la France est confinée. Nous échangeons en direct des messages avec la famille et les amis, c'est un sentiment très étrange que de vivre ça à distance. On s'imaginait que ça n'arriverait pas à notre pays, aux autres oui mais pas à nous ! D'un coup d'autres incertitudes viennent prendre le dessus. Et ici en Argentine, en Amérique du Sud ? Si le virus a réussi à passer de Chine en Europe en déclenchant des états sanitaires, il n'y a aucune raison qu'il reste tranquille et sage... Nous vérifions ce qui se passe à coté d'où nous sommes... et apprenons que quasiment tous les pays viennent de fermer leurs frontières. Nous tombons des nues. Nous nous dirigions vers la frontière du Chili, pour repasser encore une fois Argentine, puis de nouveau au Chili. En bref 3 passages nous attendaient en l'espace de 2 semaines. Coup dur et questionnement : que faisons-nous ? Après tergiversations, nous choisissons de continuer à rouler jusqu'à la frontière chilienne même sans espoir de la passer. Cette partie est magnifique avec énormément de sites naturels à admirer. Il est difficile de se projeter sur du moyen, voire court terme, vu la vitesse à laquelle les choses ont évolué en Europe. 

 

Comme les jours précédents, en l'espace de quelques km, les décors changent du tout au tout : nous longeons le salar de Pocitos, avançons sur un plateau avec des crevasses, découvrons une vallée avec des labyrinthes de canyons, alternons entre pistes de sable, de tôle ondulée ou de terre compacte. Ces km sont émouvants, nous ne savons pas s'ils seront les derniers en Argentine, en Amérique du Sud, des contradictions s’enchaînent, des certitudes puis des incertitudes, tout se bouscule dans nos têtes... Malgré nos incertitudes, tout semble avoir un gout de "dernière fois". Nous arrivons malgré tout à profiter des paysages. Un col à 4058m et nous découvrons une ancienne gare et quelques maisons abandonnées. Le vent souffle fort, un wagon désaffecté nous accueillera pour la nuit. Surprise au beau milieu de la nuit : un train passe et s'arrête à coté de notre wagon, et dire qu'il ne doit y avoir que quelques passages de train par mois !

 

 

Avant Tolar Grande, nous nous arrêtons à l'Ojo del Mar : des trous d'eau profonds au milieu de parcelles de sel avec pour décor en arrière plan, les montagnes ! Joli prélude avant le Salar Arizaro que nous souhaitons rejoindre le lendemain. 

1h plus tard, nos plans sont bouleversés : à l’entrée à Tolar Grande, nous apprenons que l'Argentine vient de fermer les frontières de ses provinces, d'interdire la circulation, et nous nous rapprochons du confinement. Le Covid nous a rattrapé. Des policiers nous arrêtent et nous interrogent. Nous les rassurons : cela fait plus de 5 mois que nous voyageons en Amérique du Sud, et un mois que nous sommes rentrés à nouveau en Argentine. Nous sommes conduits au dispensaire de la ville et examinés par un infirmier et un médecin, questions, prise de T°C, pouls... Le médecin nous autorise à circuler afin de rejoindre Salta, à quelques 300km d'où nous sommes et 4 cols à plus de 4000m. Nous n'avons pas le choix, On nous délivre un "laisser passer" qui sera un précieux sésame pour les jours suivants à chaque contrôle de police et checkpoint.

 

Encore plus qu'à l'aller, chaque coup de pédales nous fait serrer les dents. C'est une des 1ères fois du voyage que nous faisons demi tour à l'encontre de notre volonté. Nous dormons dans le même wagon que la veille puis reprenons avec lenteur et mélancolie notre descente vers Salta. Chaque geste, chaque habitude prend un gout de "dernier" encore plus accentué, pour la 1ère fois du voyage nous imaginons un retour anticipé...

 

4 bivouacs plus tard, nous entrons dans Salta... qui sonnera pour nous la fin d'un chapitre...

 

Juan Carlos, Délégué au ministère de la santé en Argentine.

- "Arrêtez-vous, vous avez votre autorisation de sortie ?"

Olivier et Juan Carlos discutant de la mise en place des mesures barrières en Argentine.

-"Et vous ma p'tite Dame, vous  netoussez pas ?"


Epilogue - Les RayonMix et le Covid 19

 

Parce que parfois tout ne se passe pas comme nous l'imaginons. La météo, une route, meilleure ou pire, un paysage, des rencontres... Un retard sur le planning, un nouveau pays ou une nouvelle envie...

 

Nous vivions ces imprévus, cailloux sur nos chemins comme la définition même de l'aventure. Celle pour laquelle nous étions partis. Même si on essaie de ne pas trop imaginer ou prévoir le futur de nos routes, inévitablement nous le faisions malgré nous, en tout cas nous essayions d’imaginer ces imprévus, parfois même de les choisir ou de les provoquer.

 

Durant ces 25 mois de voyage et plus de 33.000 km parcourus à vélo, nous étions loin de vous, géographiquement, culturellement... tellement hors des repères quotidiens que nous avions en France, hors sentiers.

 

Nous vivions nos vies différentes en parallèle de la vôtre et… subitement elles se recroisent. Le monde se rétrécit, nos problématiques redeviennent communes. Petite planète, problèmes globaux.

Après avoir bravé les routes dangereuses, les nuits froides, les tempêtes, les incendies, la neige, les petits bobos, bref tout ce qui aurait pu nous faucher au prochain coup de pédale, tous ces désagréments pour lesquels nous nous étions dit que peut-être un matin, nous en aurions marre et voudrions rentrer plus tôt... mais rien. 

Finalement s'abat un truc que personne n'avait imaginé. Un putain de grain de sable dans le dérailleur! Un virus nommé covid 19. Un putain de virus de merde qui nous fait revoir nos plans, nos certitudes, ce trajet grandiose qui allait clôturer avec couleurs et étincelles nos pérégrinations autour de notre globe.

 

L'Amérique du Sud nous contraint : fermeture des frontières, interdiction de circuler, confinement. Dans les villages traversés lors de notre course retour vers Salta, les portes ouvertes des maisons se sont refermées à notre passage,  les sourires se sont effacés, l'eau alors offerte se faisait rare voir refusée... les rencontres ne sont plus. Nous faisons peur, nous représentons ceux qui ont amené le virus.

 

A Salta, nous avons regardons cet imprévu, ce grain de sable, ce connardvid19... NON!!! Nous n'y croyons pas, nous ne voulons pas y croire... mais si, il est bien là avec ses restrictions de liberté. Nous qui avions soif de ces grands espaces, de ces bivouacs sauvages... Nous nous retrouvons enfermés entre 4 murs...

 

La décision a mûri doucement, presque naturellement entre nous 2 : nous sommes rentrés en France. C'est dit... Nous avons pris le chemin de la maison, celle que nous imaginions ne revoir que fin 2020. Retour à la case départ. Claque dans la figure. Nous ne nous imaginions pas rouler en Amérique du Sud de sitôt avec ce virus à nos pas et les conséquences qu’il laissera en route.

 

Mais pour autant l'aventure ne s'arrête pas, elle ne s'arrêtera que fin 2020, comme prévu. Il nous reste à imaginer quels détours nous souhaitons faire, toujours sous le signe de liberté, de grands espaces, de bivouacs, de rencontres ... à la force de nos corps.

 

Nous prenons ça comme un passage au stand, histoire de se rappeler le goût du manchon de canard confit, du comté fruité, de la croûte de pain qui craque sous la main, les confitures et pâtés aux pommes de terre de nos mamans… avant de repartir de plus belle.

 

Ce n'est que partie remise, il faut faire durer le plaisir! Les RayonMix n'ont pas dit leur dernier mot : le RayonMix Tour 2.0 est en phase de finalisation !

 


Pour en voir plus c'est par là...


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Commentaires: 2
  • #1

    Jean Pierre et Annie Katz (mercredi, 20 mai 2020 14:31)

    Bonjour,
    Nous nous interrogions pour savoir où vous étiez confinés, maintenant nous savons! Si votre Rayon Mix 2.0 passent vers les Alpes... savoyardes... le beaufort supportera la comparaison avec le comté �
    Sok di deu
    Annie et JP

  • #2

    Amandine (mercredi, 20 mai 2020 14:57)

    Toujours un plaisir de lire vos aventures ! Les glaces m'ont fait envie, tout comme les paysages volcaniques, les Salar... (un peu moins les côtes et les pénuries d'eau)
    Le Covid a gâché les plans de plein de monde (pour ma part, 3 voyages annulés et pas forcément remboursés) mais l'essentiel c'est notre santé et celle de nos proches. L'aventure reprendra de plus belle !
    Avez-vous prévu de retourner en Amérique du Sud ou allez-vous changer vos plans et prendre le temps de planifier une autre aventure ?